Pour faire un bon film il faut un méchant réussi, disait en substance Hitchcock. C’est le cas de façon éclatante avec le personnage de gangster psychopathe campé ici avec un minimalisme glaçant par un Jean-Louis Trintignant absolument terrifiant dans ce contre-emploi surprenant face à un Delon particulièrement nuancé qui campe un Borniche songeur, plus porté sur la réflexion que sur l’action. La mise en scène de Deray est à l’unisson des deux personnages: sèche et précise dans les scènes d’action, peu nombreuses mais extrêmement violentes, plus ample, presque méditative, lorsque l’on suit les déambulations de Borniche entre les scènes de crime, ou d’un bureau à l’autre. La longue scène de l'arrestation où l’on voit comment Borniche parvient à neutraliser Buisson sans effusion de sang et sans le moindre coup de feu, est un modèle de construction dramatique, suivi de l’étonnante confession en voix off où Borniche explique l'étrange complicité qui s’est installée durant l’instruction entre lui et Buisson. Certainement l’un des polars français les plus marquants des années 70.