Flic story est ce qu'on appelle de la belle ouvrage. Tiré des mémoires de Roger Borniche concernant la capture de l'ennemi public n°1 de l'après-guerre, Emile Buisson, Jacques Deray réussit un polar sec, très nerveux, et qui a une approche presque historique avec la voix off d'Alain au début et à la fin de l'histoire.
Située dans la France de l'après-guerre jusqu'aux années 1950, le film est une gigantesque chasse à l'homme entre un flic auquel son supérieur lui met des bâtons hiérarchiques dans les roues, et un criminel complètement fou, qui n'hésite pas à descendre ses anciens alliés. Il faut dire les acteurs, Alain Delon et Jean-Louis Trintignant en tête sont formidables, le premier faisant très bien passer la pointe de jalousie qu'a Borniche envers Buisson concernant sa liberté. Il y a un aspect guerre des polices, mais qui est très vite survolé au profit du polar.
La reconstitution des années 1950 est très réussie, faisant intervenir des voitures américaines, et il y a des scènes vraiment réussies comme la fuite de Buisson sur les toits, où Borniche voudra faire la même chose mais va faire une chute sur un tas de sable situé plus bas. Il y a des scènes assez violentes, comme les exécutions de Buisson, qui abat froidement ses anciens coéquipiers, ou des braquages qui se passent très mal, comme ce guichetier qui se fait exploser la tête à travers une vitre. C'est juste dommage qu'au fond, l'histoire soit si linéaire, du début à la fin.
Il est à noter qu'on entend très peu la musique de Claude Bolling, sans doute pour garder cet aspect réaliste, froid qui s'en dégage. D'ailleurs, c'est le personnage de Borniche qui, face caméra, nous dira le fin mot de l'histoire, car tout fut réel.
Après Borsalino & Co, Jacques Deray et Alain Delon poursuivent leur collaboration, et à travers le genre corseté du polar, on a de la très bonne facture.