Esquisses d’esquif
L’inondation qui ouvre Flow et met à l’épreuve son protagoniste, un chat condamné à affronter sa peur de l’eau, métaphorise à merveille le dispositif mis en place par Gints Zilbalodis : du passé...
le 31 oct. 2024
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Il y a longtemps que je n’avais pas été aussi ému par un film. D’animation, de surcroît ; c’est peut-être la première fois. Flow est une petite pépite. En 1h20 d’une beauté rare, sans aucune parole, le réalisateur Gints Zilbalodis nous fait vivre l’odyssée de Flow (mais s’appelle-t-il seulement ainsi ?), un petit chat noir vivant tranquillement reclus dans ce qui ressemble à une ancienne maison de sculpteur humain. Et des humains, il n’y en a plus, dans ce film, uniquement des animaux avec des comportements et un langage d’animaux, sans anthropomorphisme (ou si peu) et c’est réjouissant. Submergé par une vague géante et l’inexorable montée des eaux, Flow doit apprendre à nager pour survivre. Au cours de son périple, il rencontre d’autres animaux et tous vont s’apprivoiser et apprendre à se respecter pour survivre : le chien joueur, le capybara endormi, le lémurien kleptomane, et l’échassier stoïque.
On pense bien sûr à L’Odyssée, ce voyage initiatique du retour, mais aussi à Rroû, récit d’apprentissage à hauteur de chat. On vit avec lui, on tremble avec lui dans des scènes terrifiantes (la tête de statue submergée, la noyade, la chevauchée d’élans), on rit aussi des comportements animaliers reconstitués par petites touches. Le film est d’une beauté esthétique impressionnante (le dessin des paysages, les scènes sous-marines, la ville engloutie entre Venise et l’Atlantide), d’une émotion saisissante et d’une certaine profondeur métaphysique : Flow atteint le sommet d’une chaîne de montagnes, montrée dès le début en arrière-plan comme destination inévitable du voyage et la clef du mystère de ce monde (car on ne sait pas pourquoi l’eau est montée). Il y rejoint l’échassier qui l’y attendait, avant d’être pris dans un tourbillon mystique le faisant disparaître et abaissant le niveau de l’eau. C’est une autre figure imposée du récit d’apprentissage : l’apprivoisement de la mort, apprendre à l’accepter pour commencer un nouveau cycle.
En sortant de la salle, on se dit qu’on peut encore s’émerveiller au cinéma devant des images sublimes, être ému aux larmes par ce chat et ce récit poétique et onirique parfaitement maîtrisé. Vivre un peu plus fort.
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Créée
le 2 nov. 2024
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