Esquisses d’esquif
L’inondation qui ouvre Flow et met à l’épreuve son protagoniste, un chat condamné à affronter sa peur de l’eau, métaphorise à merveille le dispositif mis en place par Gints Zilbalodis : du passé...
le 31 oct. 2024
87 j'aime
6
Un film dont j'étais passé à côté un peu par principe. Déjà parce qu'il ne m'intéressait pas plus que ça sur le papier, et qu'il sort juste après "Le Robot Sauvage", que j'ai trouvé plutôt moyen, mais qui reçoit le même type de retour que ce "Flow", avec un sujet similaire. Mais une opportunité s'est présenté à moi, et j'ai donc été voir le film, parce que je pense que je passais à côté de quelque chose.
On suivra donc ce mignon petit chat, qui s'appelle... qui ne s'appelle pas, ou alors il s'appelle comme le titre du film, mais ce serait extradiégétique. Il semble être un chat errant, seul. On pourrait penser au jeu vidéo "Stray", qui possède aussi un chat errant en personnage principal, même si l'univers ici n'est pas composé de robot (Cette partie-là serait plutôt liée au film "Le Robot Sauvage", justement). Toutes ces oeuvres parlent de sujets plus ou moins liés, sur l'avenir des êtres humains... et des êtres tout court, par le biais de l'écologie et des interactions intersociales.
"Flow" se démarque par une absence totale de dialogue, ce qui rend le film beaucoup moins pompeux qu'un "Robot Sauvage", et cela lui permet de garder une certaine simplicité. C'est aussi un film sur la solitude, étant donné que chacun des personnages principaux du film sont comme des reclus de leurs propres espèces, pour différentes raisons. On pourrait d'une certaine manière penser au film "Robot Dreams", qui était lui aussi sur la solitude, mais qui était surtout muet, ce qui est assez rare j'ai l'impression, dans le cinéma d'animation. Alors oui, le film est assez mignon, avec tous ces miaulements ou ces cris d'animaux, avec quelques situations rigolotes, mais l'histoire est profondément triste. On regarde ces personnages errer, passer à peu de choses d'une mort certaine, et tout cela sans but, on ne sait pas où l'on va, on est ici uniquement pour le voyage.
Les décors sont peu causants, difficile de définir un lieu ou une époque. Il y a une ambiance que je trouve assez semblable aux jeux de Fumito Ueda, comme "Shadow of the Colossus" ou "The Last Guardian", avec ces énormes édifices sans vie. On peut aussi parler de la musique, composée par le réalisateur Gints Zilbalodis et Rihards Zalupe, que je trouve très belle, qui ajoute beaucoup de mélancolie à cette excursion.
On y parle de la cruauté de la nature, mais par anthropomorphisme, on y parle évidemment de la cruauté de l'homme. On aborde aussi l'écologie, via la montée des eaux, et de la migration climatique qui en résulte. Tout cela amène à une cohabitation assez peu naturelle, à l'instar des personnages du "Robot Sauvage". Sur une bonne partie, les thématiques en jeu sont plutôt simples à interpréter. La fin du film, par contre, m'a laissé un peu plus incrédule, avec un propos plus impalpable, et cette allégorie du miroir qui revient sans cesse.
Bref, je pense avoir adoré ce film. Il est très touchant, assez mignon et rigolo, mais il y a une tristesse rémanente qui nous parcourt. Il réussit à parler de sujets difficiles avec une légèreté aisée, tout en nous remettant en question sur ce qu'il advient de notre identité, de notre humanité.
(Vu le 7 janvier 2025 au cinéma)
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les meilleurs films de 2024 et Films Vus en 2025 (+ avis)
Créée
le 8 janv. 2025
Critique lue 44 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau
L’inondation qui ouvre Flow et met à l’épreuve son protagoniste, un chat condamné à affronter sa peur de l’eau, métaphorise à merveille le dispositif mis en place par Gints Zilbalodis : du passé...
le 31 oct. 2024
87 j'aime
6
Est-ce que la Lettonie a son mot à dire dans le domaine du cinéma d'animation ? Ben, deux ans après la sortie de la petite perle qu'est My Love Affair with Marriage de la réalisatrice Signe Baumane,...
Par
le 30 oct. 2024
31 j'aime
4
Une fois de plus, le film a tellement été encensé par la critique que mes attentes étaient au plafond. J'aurais voulu vivre ce moment suspendu, cette parenthèse de tolérance et de vivre ensemble,...
Par
le 4 nov. 2024
26 j'aime
Du même critique
Un film surréaliste que nous propose Andrew Haigh, que j'ai connu avec "Week-end" un de ses premiers films, qui est parmi mes romances gays préférées au cinéma, et donc il me tardait de voir son...
Par
le 3 déc. 2023
12 j'aime
Un mélange des genres assez particulier, dont j'ai du mal à comprendre le lien entre eux. Et pourtant, il réside dans ce film une ambiance assez folle, emmené par la musique de Ssaliva, que je ne...
Par
le 23 juil. 2024
7 j'aime
Un film que j'ai été voir avec une légère curiosité et par un certain opportunisme. Déjà parce que c'est un film d'Alain Guiraudie, qui avait fait "L'Inconnu du lac" que j'avais beaucoup apprécié. Un...
Par
le 4 juin 2024
7 j'aime