En-dehors de ses brulots subversifs, Yves Boisset aimait alterner avec des polars, comme Un condé, Coplan, et celui-ci, tiré d'un roman de Jean-Patrick Manchette. Marlène Jobert joue une femme, sortie d'un asile, qui est embauchée pour surveiller le neveu d'un riche industriel. Le gamin est du genre insupportable, pourri gâté, mais la relation entre les deux se fait tant bien que mal, tandis que le chauffeur brule de désir pour la femme.
Mais cette dernière, ainsi que l'enfant, vont être enlevés par un tueur à gages.
Même si l'histoire est au fond assez classique, j'ai bien marché, car c'est non seulement l'histoire d'un enlèvement, mais aussi la psychologie du personnage très bien joué par Marlène Jobert, dont le passé psychiatrique peut apporter une confusion du côté de ceux qui ne la connaissent pas. Mais il y a aussi plein d'acteurs excellents, dont Victor Lanoux, Thomas Milian, et le génial Michael Lonsdale en riche industriel pas si propre que ça sous son rapport extrêmement mielleux.
Mais là où le film marque aussi, c'est que c'est aussi un documentaire sur la France en train de se construire dans les années 1970, avec la construction d'énormes bâtiments, mais aussi le côté rural, avec les cabines téléphoniques, les marchés, les paysans qui font promener leurs moutons le long des routes : à l’époque, on n'aurait sans doute pas vu le film sous ce prisme temporel, mais en-dehors de son histoire, Folle à tuer parle aussi de la France de 1975.
Tout cela fait que, malgré son allure classique, c'est un Boisset mineur, le film reste toujours aussi intéressant à voir.