En pleine promo de son Fonzy, la réalisatrice Isabelle Doval a expliqué, dans un formidable numéro de mauvaise foi, qu'il s'agissait moins d'un remake de Starbuck que d'une version francisée. Elle a transformé la charcuterie en poissonnerie et s'est surtout débarrassé, selon elle, de l'encombrant final dans la clinique qui, tel qu'il se présentait dans le succès québécois de 2011, était trop pathos à ses yeux.
Ainsi, dans la version originale, le héros retrouve ses 500 et quelques enfants dans le hall d'une maternité pour un gros câlin collectif. La scène est brève, pudique, drôle, touchante, originale. Trop larmoyante pour Doval ? Trop américaine dans la démonstration du sentiment ? Qu'à cela ne tienne ! Dans sa version à elle, son mari de José Garcia est attendu par ses enfants à l'extérieur de la maternité : il en sort et fend la foule sur fond de musique d'ascenseur, serrant des mains, tombant dans des bras, embrassant des joues, pleuvant sous les remerciements. La scène est longue, répétitive, guimauve à mort, empesée d'un sentimentalisme de feuilleton télé.
Cet écart de mauvais goût est à peu près le seul effectué par rapport à Starbuck, dont Fonzy est une copie quasi conforme et donc sans aucun intérêt : même histoire, mêmes cadrages, mêmes dialogues, parfois à la virgule près.
Mais puisqu'Isabelle Doval prétend avoir signé un film personnel, accordons-lui le mérite d'avoir dépouillé le beau film québécois de sa candeur, de sa fantaisie, de son humour tendre, pour remplacer tout cela par une lourdeur bien franchouillarde.