Fortress
4.6
Fortress

Film de Stuart Gordon (1992)

Dans le futur surpeuplé de 2017, les couples n'ont légalement droit qu'à un seul enfant et les prisons sont devenues de gigantesques bagnes électroniques privés. La Forteresse est un de ces pénitenciers futuristes, régie par la puissante Men-Tel Corporation et dirigée par le cruel directeur (Edgar ?) Poe et l'omnipotente I.A. Z10. Pour avoir une deuxième grossesse après un premier enfant mort-né, un couple d'anciens soldats d'élite s'y retrouve incarcéré...


Avec ce pitch de départ, Fortress avait un gros potentiel qui ne restera hélas qu'une promesse.


Stuart Gordon, réal inégal du culte Re-Animator, avait déjà raté une première incursion dans la SF "verhoevenienne" trois ans plus tôt avec le mauvais quoique généreux Robot Jox, sorte de Transformers cheap bien ringard. Ici, il récidive et Fortress n'est pas un grand film.


Malgré un petit capital sympathie dû à son synopsis et quelques autres qualités, il ne prête pas vraiment à réflexion et ne nous surprend pas. S'il nous divertit tout de même avec quelques scènes plaisantes et des effets gore réussis (les capsules intestinales punitives, meilleure idée du film), ses décors et accessoires kitch jurent avec son ton sérieux, ses lourdeurs de scénario en ruinent les potentialités et ses scènes d'action sont aussi abondantes que mollassonnes. Clairement pensée comme le climax du film, l'évasion finale concentre tout ce qui ne va pas dans le film.


Enfermés dans cette Forteresse, notre Christophe Lambert national poursuit la chute de sa crédibilité amorcée avec Highlander 2 et la blonde et méconnue Loryn Locklyn, bien fade, ne crève pas l'écran. Autour d'eux, une petite pléiade de seconds rôles au faciès connu vient relever le niveau du métrage et est un des rares points forts du film...


Tout d'abord, coïncidence rigolote avec Verhoeven cité plus haut, Kurtwood Smith, qui sans retrouver la prodigieuse aura de son Clarence Boddicker de RoboCop campe en retenue le personnage le plus intéressant du film en la personne froide et inhumaine (quoique...) de Poe.


Ensuite, au sein des taulards, citons les codétenus Clifton Collins Jr en gamin bagarreur et Jeffrey Combs en geek binoclard taré mais attachant et en guise des sempiternelles terreurs de service Tom Towles et Vernon Wells, le premier un brin dans le surjeu mais à la psychologie de personnage intéressante et le deuxième en terrifiante brute tatouée "187" qu'on regrette de ne pas voir plus longtemps, a fortiori vu la rareté de l'acteur.


Sentence finale : un potentiel prometteur gâché dans un résultat que l'amour évident du réputé sympathique Stuart Gordon pour son métier et quelques petites réussites disséminées ne suffisent hélas pas à rendre plus attrayant. Hasard ou coïncidence, son incursion suivante dans le genre SF prendra un certain contrepied du premier degré de Fortress pour proposer un délire spatial bien barré et coloré que je recommande plus volontiers et dont je fais l'éloge ici.

LynxBleu

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