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Premier long-métrage du département animation de DreamWorks, Antz avait la lourde tâche de se poser en unique concurrent de Disney et de Pixar sur le terrain de l'animation générée par ordinateur...
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le 25 avr. 2016
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Dans les années 90, DreamWorks a décidé de créer une branche animation principalement pour capitaliser sur le succès grandissant de l'animation numérique, un domaine qui était en pleine expansion grâce à des films comme Toy Story de PIXAR. Jeffrey Katzenberg, Steven Spielberg et David Geffen voulaient également reproduire le succès « Renaissance Disney », une des plus belle période du studio aux grandes oreilles. Ils voient dans l'animation un potentiel à long terme pour développer des franchises lucratives, attirer un large public familial et créer un univers cinématographique durable.
Pour marquer leur entrée dans l'animation numérique et rivaliser avec PIXAR, Steven Spielberg, Jeffrey Katzenberg et David Geffen n'ont pas hésité à investir massivement dans la production pour faire de leur premier film, un film entièrement en images de synthèse (le deuxième de l’histoire après Toy Story). DreamWorks était déterminé à montrer qu’il pouvait rivaliser avec PIXAR en matière d'animation numérique, tout en proposant des histoires plus satiriques et orientées vers un public adulte.
DreamWorks n'a pas hésité à entrer en concurrence directe avec PIXAR en utilisant une idée similaire pour leur premier film Antz, sorti peu avant A Bug’s Life de PIXAR, développé en parallèle. Les deux films sont centrés sur le monde des insectes, mettant en scène des fourmis en lutte contre des oppresseurs pour sauver leur colonie. Cette coïncidence troublante a alimenté des tensions entre les deux studios, notamment en raison du passé de Jeffrey Katzenberg, ancien dirigeant de Disney, qui avait connaissance des projets en développement chez PIXAR. Accusé d'avoir accéléré la production de Antz pour devancer A Bug’s Life, DreamWorks a fait preuve d'une certaine agressivité dans sa stratégie de rivalité avec PIXAR, cherchant à s'imposer rapidement dans le domaine de l'animation numérique.
Grâce à cette production accélérée, Antz est sorti en octobre 1998, un mois avant A Bug’s Life de PIXAR, malgré le fait que les deux films aient été développés simultanément.
La comparaison entre Antz et A Bug’s Life s'arrête rapidement sur le plan visuel. Bien que DreamWorks ait réussi à sortir son film un mois avant, la qualité de l'animation souffre d'un manque de finesse et de détails. Les personnages sont souvent rigides, avec des textures plus grossières et un design global moins attrayant.
Le chara-design a un aspect peu engageant, en particulier les visages, qui sont assez dérangeants. Les fourmis anthropomorphes du film ont des traits anguleux et rigides, avec de larges mâchoires et des yeux disproportionnés, ce qui leur donne une apparence étrange et peu attrayante. Le choix de rendre les visages très expressifs, avec des détails marqués comme des rides et des expressions faciales exagérées, contraste fortement avec l’approche plus douce et stylisée de chez PIXAR. Cette tentative d’humaniser les insectes de manière réaliste a abouti à un résultat laid, rendant difficile pour le public de s'attacher aux personnages.
Là où le film s'en sort mieux, c'est au niveau de son histoire écrite par Chris Weitz et Paul Weitz, qui démarre en nous plongeant dans l'organisation strictement hiérarchisée et millimétrée de la fourmilière. Le film dépeint une société totalitaire où chaque fourmi a un rôle prédéterminé, que ce soit soldat ou ouvrier, et où l'individualité n'a pas sa place. Cette structure rigide crée un contraste fort avec le personnage principal, Z, une fourmi ouvrière qui rêve de s'émanciper de ce système. Ce cadre initial permet de poser les bases d'une réflexion sur la liberté individuelle, la conformité et la rébellion contre une société oppressive, donnant au film une profondeur thématique que l'on ne retrouve pas forcément dans les films d'animation de la même époque.
Z se distingue donc rapidement par son refus de se conformer à la rigide société collective de la fourmilière, où chaque individu doit accepter sans question son rôle prédéterminé. Alors que tous les autres ouvriers et soldats exécutent leur tâche sans broncher, Z rêve de liberté et d'individualité, ce qui le fait passer pour un marginal aux yeux de ses congénères. Son désir de s'émanciper et de penser par lui-même le rend bizarre dans une société où la conformité est la norme absolue. Cette tension entre Z et la collectivité souligne le thème central du film : la quête de l'autonomie dans un système oppressif.
L’armée prend rapidement le contrôle sur la royauté de la fourmilière, instaurant un régime autoritaire qui voit d'un très mauvais œil l’émancipation de Z. Les soldats, dirigés par le redoutable Général Mandibule, aspirent à un modèle de colonie plus pur et plus fort, considérant la classe ouvrière comme un maillon faible à éliminer pour garantir leur domination. Leur obsession pour le contrôle et la pureté de la colonie les pousse à percevoir toute forme de rébellion, comme celle de Z, comme une menace à leur pouvoir. Cette dynamique de pouvoir met en lumière les luttes de classes au sein de la fourmilière, illustrant les dangers de l'autoritarisme et la peur du changement qui caractérisent les sociétés rigidement stratifiées.
L'histoire est indéniablement captivante, notamment en raison de la lutte de Z pour s'émanciper d'une société oppressive et de la tension entre les classes. Cependant, le passage à Insectopolis ralentit le rythme du film et semble s'éloigner des thèmes centraux du récit. Ce segment n’apporte pas beaucoup d'éléments significatifs à l'intrigue principale, si ce n’est le développement de la romance entre Z et la princesse Bala. Cette histoire d'amour, bien qu’elle apporte une touche de légèreté, paraît parfois superflue par rapport aux enjeux politiques et sociaux mis en avant précédemment, laissant le spectateur désireux de revenir à la dynamique plus riche et complexe de la fourmilière.
Antz, réalisé par Eric Darnell et Tim Johnson, offre une réflexion intéressante sur l'individualité et la lutte contre l'oppression, bien que son rythme soit parfois perturbé par des éléments narratifs moins essentiels. Le parcours de Z, de la fourmilière à la quête de sa propre identité, demeure le cœur du film, illustrant la lutte contre un système autoritaire et les enjeux des classes sociales. Malgré des faiblesses visuelles et un chara-design contesté, le film parvient à captiver avec ses thématiques pertinentes. Cependant, il est indéniable que DreamWorks reste loin derrière le chef-d'œuvre de PIXAR, A Bug’s Life, qui surpasse Antz tant en qualité d’animation qu'en finesse narrative.
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Créée
le 6 oct. 2024
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