Titre référence à Scrubs https://www.youtube.com/watch?x-yt-ts=1421914688&v=_7wX4oaPtz0&x-yt-cl=84503534&feature=player_detailpage#t=7
Foxcatcher c’est l’histoire d’un médiocre que tout rappelle à sa médiocrité mais qui voudrait réussir quelque chose. Il se voudrait aigle (et même aigle doré) mais n’est au mieux qu’un vulgaire moineau. Alors, sans talent, mais grâce à son argent John E. du Pont décide de devenir coach de lutte et d’attirer chez lui les meilleurs lutteurs américains et en particulier Mark Schultz afin de devenir Champion du Monde puis Champion Olympique. Il espérait attirer également Dave Schultz pour qu’il continue d’entrainer son frère Mark mais celui-ci refuse (dans un premier temps). Se noue alors une relation dominant-dominé malsaine qui atteint son paroxysme dans cette scène où John E. du Pont assis sur sa chaise à contempler le paysage domine un Mark réduit à l’état d’un chien : haletant, au sol et cherchant l’attention de son maître.
Ce film est donc sur les relations dominant-dominé. Que ce soit John-Mark, Dave-Mark ou encore John et sa mère. Car John E. du Pont c’est un médiocre et tout le lui rappelle à commencer par sa mère. Cet homme c’est un nanti, un héritier qui n’a rien fait pour mériter sa fortune et qui souffre d’un complexe d’infériorité vis-à-vis de ces aïeux. Le poids de ce passé lui est constamment imposé par tous ces portraits qui habillent chaque murs de la maison. Et sa mère, elle aussi, le méprise et le rabaisse. Depuis l’enfance, où elle payait le fils du chauffeur pour « être » son ami, à aujourd’hui, où elle juge la lutte comme un bas sport. Cette scène dans laquelle elle vient par curiosité, ou peut être pire par malignité et sadisme, observer l’entrainement de lutte, cristallise alors toute cette dynamique.
Mais ce film, aussi intéressant qu’il soit, n’est pas exempt de défauts. Le premier ce sont les prothèses et le maquillage de Steve Carrel. Sans que ce soit mal fait, il y a quand même quelques plans où on sent que c’est faux, un teint un peu cireux et pas naturel. Et c’est vraiment dommage car Steve Carrel n’avait vraiment pas besoin d’être affublé de la sorte. En effet il offre une composition excellente. Il donne littéralement « corps » à son personnage dont le moindre mouvement, la moindre attitude est plus porteuse de sens que bien des dialogues. Un autre aspect qui m’a dérangé c’est dans le jeu de Channing Tatum, qui est pourtant plutôt bon acteur dans ce film, mais nous offre une mâchoire prognathe quasi permanente pour souligner l’aspect un peu néandertalien de son personnage. Encore une fois, y avait-il besoin de ça ? Question subtilité on a vu mieux. La relation entre les deux frères est également un peu terne et classique et la b.o. ne m’a pas enthousiasmée.
Malgré ces défauts le film tient parfaitement la route car ce n’est pas un film de sport mais bel et bien un drame humain et social, un film assez taiseux parfois contemplatif et qui nous offre quelques scènes marquantes : les 2 dont j’ai parlées mais je pense aussi par exemple à la scène des chevaux, mais aussi et surtout un final fort aussi logique qu’imprévisible. Logique car effectivement l’écriture du personnage de John E. du Pont ne peut mener qu’à ça mais imprévisible car le film, son genre et les codes qu’il respecte ainsi que son atmosphère ne nous laissent jamais supposer ce brusque virage.