Foxcatcher par Charles Dubois
L'année 2015 commence en beauté. Remarqué à Cannes 2014, où il a reçu le prix de la mise en scène, ce Foxcatcher ira loin et ne laissera personne indemne.
En choisissant une histoire si originale, le réalisateur donne la possibilité à ses acteurs de se métamorphoser. Et le résultat est troublant.
Steve Carell en tête, totalement méconnaissable dans le rôle de ce milliardaire un brin psychopathe, Channing Tatum, bestial, sauvage et habité, et Mark Ruffalo, magnifique en frère aimant et protecteur.
Le sport ne sert que de prétexte à ce drame immense où ces trois personnages, tous hauts en couleurs, se partagent l'écran en différentes parties, savamment distillée et brillamment délimitées.
Le film est lent, parait très long, semblant ne pas progresser. Et c'est sa force. Bennett Miller sait manier la lenteur, évite on ne sait comment l'ennui et fascine par sa caméra glaciale qui pénètre en quelques secondes dans les pensées de personnages tourmentées, à l'image de ce millionnaire mystérieux dont on ne sait rien, qui entretient une relation plus qu’étonnante avec le sport et ses sportifs. Froid et distancié, ce drame familial et sportif peine néanmoins à nous faire nous attacher aux personnages et à nous sentir impliqués à 100%.
Et pourtant le film n'est qu'une tension permanente, faite de dialogues douloureux, de séquences à couper le souffle et d'images magnifiques qui mènent lentement mais sûrement à un final explosif et déroutant qui ne laissera personne indemne.
Ultra maîtrisé (peut être un peu trop), Foxcatcher est un drame habité et impeccable qui ouvre l'année en beauté.