Il y a dans Foxcatcher une violence toute particulière, passive et sous-jacente, elle hante les plans comme la brume enrobe la campagne encore endormie de cet inquiétant domaine. Campant les fêlures d'une Amérique a deux vitesse, celles de la désillusion et des rêves brisés de Mark Schutlz mais également celles de John Dupont vivant dans un milieu aristocratique isolé et obsolescent. Véritable thriller psychologique, c'est sur une dynamique triangulaire impeccable que repose l'intrigue, évoquant une dialectique du maître et de l’esclave des plus intéressante entre force physique, emprise psychologique, et jeux d'affections nauséabonds. C'est d'ailleurs ce qui impressionne le plus au sein du film, la capacité du réalisateur à tisser et briser les liens entre ses protagonistes sans quasi aucune effusion de violence, avec une retenue et une maîtrise incroyable, confèrent à Foxcatcher une atmosphère des plus suffocante.
Superbement interprété par Steve Carell (normalement cantonné à des rôles comiques), John Dupont apparaît comme la personnification d'une époque désuète, symbole et victime d'une aristocratie dégénérée vouée à s'évanouir. Channing Tatum et Mark Ruffalo maîtrisent également leurs rôles, parfaits en frère Schultz aussi différents que divisés et pourtant indéniablement loyaux.
Si l'intrigue à proprement parlé n'est pas des plus originale, on est irrémédiablement happé par cette atmosphère singulière. Entre jeux de pouvoir et manipulations affectives, toujours subtile et jamais dans l'effusion, le spectateur plongé dans cette atmosphère suffocante demeure coi devant le monstrueux mais fascisant spectacle de ces hommes en lutte .