Lorsqu'on découvre le deuxième film d'Alain Corneau "Police python 365", polar réussi et devenu un classique, on peine à croire qu'il a été précédé deux ans plus tôt par un inénarrable nanar pseudo avantgardiste, premier long métrage écrit par Corneau avec l'aide de Jean-Claude Carrière. Précisément, la carrière de Corneau aurait pu s'arrêter dès après ce salmigondi ni fait ni à faire qu'est "France société anonyme". Le cinéaste aura su se ressaisir et quitter la pente dangereuse empruntée par une oeuvre de jeunesse qu'on regarde aujourd'hui complètement incrédule.
Résumons ce qui peut l'être: Michel Bouquet est un trafiquant de drogue international (déjà là, il fallait oser!) qui règne sur la marché français jusqu'à l'arrivée des américains lesquels, avec la complicité de l'Etat français, entreprennent de faire légaliser toutes les drogues, entrainant la ruine de Bouquet et, probablement, une crise sanitaire d'ampleur dans la France profonde.
Critique de l'impérialisme américain et de la société de consommation, le film multiplie les séquences grotesques et ringardes. La réalisation de Corneau est tellement nulle qu'on est tenté d'y voir une intention caricaturale ou parodique. Mais si le film est risible, c'est bien malgré lui, avec son découpage sans queue ni tête et sa direction d'acteurs improbable. Les comédiens sont tous mauvais, avec l'excuse sans doute de ne rien comprendre à ce qu'ils font. Et si les auteurs semblent parfois donner dans la dérision, le film a surtout l'apparence et le ton d'un pamphlet prétentieux que sa médiocrité empêche de prendre au sérieux.