Adolescente, Frances Farmer fut reniée par le petit bout dévot de l'Amérique qui l'avait vue naître à cause d'un essai sur l'athéisme. Elle est rejetée pour son immaturité, mais qu'à cela ne tienne : elle est jeune, intelligente, et elle a du caractère. On oublie vite son essai lorsqu'elle devient une star d'Hollywood, et alors on se rengorge de l'avoir vue grandir – caustique, elle ne manquera pas de faire remarquer l'hypocrisie de la chose.
La gloire cache cependant déjà un autre genre de rejet : Hollywood a ses exigences, et le libre-arbitre de ses dames n'est pas au programme. Frances entame à peine sa vie d'adulte et elle n'en est qu'au début d'une série de désaveux : athée, pas à sa place dans le star system, sympathisante communiste, et enfin fille indigne, elle fait l'objet de tous les jugements que la société d'alors était prête à dispenser… parfois trop précipitamment. S'ensuivra la maladie mentale, puis l'acharnement égoïste d'une psychiatrie et d'une mère qui n'admettront pas être la cause de son état.
Il arrive un moment où l'on se met à regarder le film en se demandant quelle forme d'injustice fera l'objet du prochain rebondissement. Il prend avec insistance le parti d'une femme marginale oppressée à tort, ce qui ne le rend pas foncièrement mauvais mais monotone. Frances a tout du film qui savait pertinemment de quoi il voulait convaincre, et ça se sent un peu trop.
Quant à sa véracité cependant, on appréciera qu'il n'en fasse pas un credo : quel rôle l'acharnement thérapeutique aura-t-il joué dans le sort de Frances ? son comportement asocial était-il depuis le début un signe de maladie mentale qu'un mauvais traitement fit "simplement" empirer ? Le doute purifie la tristesse de son histoire, dont on sort assez nostalgique – mais pas trop quand même : il y a des choses qui ont bien fait de changer.