Frances Ha par pierreAfeu
Pourquoi ce titre ? La réponse est donnée en fin de film, seule raison sans doute de tenir jusqu'au bout, à moins de vouloir réécouter le Modern love de David Bowie [ce qui est une excellente idée, mais peut se faire n'importe où]. Pourquoi une telle unanimité critique ? Aucune explication.
Frances Ha est faux. Complètement faux. Du début à la fin. Il ne suffit pas de filmer en noir et blanc, d'invoquer Woody Allen ou la Nouvelle Vague [on regarde Les 400 coups en VO, on évoque un sosie de Jean-Pierre Léaud... au secours], de se la jouer cinéphile francophile et branchouille, pour éblouir. On fait des plans fixes sur des choses, on fait dire des bêtises aux personnages, on essaye de nous faire croire qu'ils sont artistes, on se moque de nous. Et ce n'est pas avec cette histoire de pauvre fille, bien ni dans sa peau ni dans sa vie, fausse godiche et vraie tête à claque, que Noah Baumbach et Greta Gerwig vont emporter le morceau.
Ce qui se passe sous nos yeux ne nous intéresse pas. On s'en fout. Du coup, quand ça peut être drôle ou bien vu [ce qui est très rare], ça ne passe pas non plus [on s'en fout !]. Ou alors, faut-il être pervers pour apprécier le spectacle lamentable de Frances et sa copine Sophie, c'est à dire aimer que des filles de 27 ans se comportent comme des gamines de 12, genre "I love you" toutes les minutes, on dort dans le même lit, on se fait des scènes... Sur-fabriqué et nombriliste, avec ses dialogues plaqués sur des situations factices et des personnages tout droit sortis d'un vernissage de seconde zone, Frances Ha est un film usurpateur, un film qui ne devrait pas exister, un film qui ne connait que la surface des choses, l'apparence flatteuse, le vide.
Frances Ha, c'est un peu comme ces œuvres exposées au FRAC du coin : deux briques, un bout de bois, un rouleau de papier toilette... un truc dont la seule présence légitime toutes les critiques à courte vue sur l'art contemporain, le film de Baumbach venant ici accréditer le discours de ceux qui conchient le cinéma dit "d'auteur". À ce titre, il ne mérite aucune clémence.