C’est une toute petite chose Frances Ha, pas d’une grande originalité, mais sa fraicheur, sa petite folie et l’énergie déployée par la géniale et décalée Greta Gerwig font que le film devient rapidement irrésistible.
Pas évident de conserver cette fraicheur pourtant, face aux nombreuses citations du film : Allen, la Nouvelle Vague, en premier lieu. C’est parfois un peu encombrant comme lorsque on évoque Léaud, ou lorsque l’on rejoue à l’identique la mythique course de Denis Lavant dans Mauvais Sang, mais le film possède suffisamment de caractère et de singularité, celle propre à Noah Baumbach, pour ne pas s’écrouler.
A travers sa simplicité formelle et narrative, avec le ton tragi-comique habituel du cinéaste, Frances Ha dessine un portrait touchant de femme, gamine au corps vieillissant, un peu maladroite, un peu paumé, débordante, aérienne. Comme dans le Manhattan d’Allen, à un degré moindre cela-dit, le film avance avec une même simplicité d’approche masquant des réflexions plus complexes et profondes sur la vie, l’amour, l’amitié, le vieillissement,…
Mais Frances c’est aussi un film de filles, on y voit une grande et belle histoire d’amour, car c’est bien ce sentiment qui caractérise la forte amitié qui unie Frances et Sophie.
Enfin, il y a quelque chose de très touchant, qui est très ancré dans l’œuvre de Baumbach, c’est le besoin d’être entouré et la peur de la solitude. Le besoin d’être constamment au contact de l’autre et de se créer des petits cocons humains (appart en colloc, troupe de danse, famille,…).
Il y a quelque chose de plutôt amusant mais d’assez symptomatique, c’est l’absence de sexe et l’approche du désir par les personnages. L’histoire d’amour entre Frances et Sophie est platonique, même si elles dorment ensemble et si l’une demande à l’autre de retirer ses chaussettes au lit.
Les filles ne couchent plus avec leurs petits amis respectifs. Et si Frances et les garçons avec qui elle partage un appart en parlent, comme de la pluie et du beau temps, ils ne passeront pas à l’acte.
Jamais on ne sent le désir pointer, contrairement à la recherche permanente de chaleur humaine et de réconfort qui parcours tout le film.
Je ne sais pas ce qu'il va m’en rester, mais j’ai trouvé ça très chouette.