Film entièrement dédié à Greta Gerwig, film de cinéphile (le passage de Frances rue de Vaugirard rappelle l'appartement de La Maman et la Putain), Frances Ha pourrait agacer: trop chargé de références (Carax, Rohmer, Jarmusch), il est parfois à la limite de la pose. Mais la grâce l'emporte finalement sur la pose et le film semble se dégeler à mesure qu'il avance: plus il avance pourtant, plus Frances entre dans la norme (elle travaille, réalise un spectacle de danse, trouve un appartement) mais cette entrée dans la norme n'est pas vue comme un renoncement ou une rupture. Frances court un peu moins, elle ne danse plus dans la rue mais fait danser les autres, elle ne dort plus chez les autres mais chez elle. De tous ces renoncements, Baumbach aurait pu tirer un portrait de femme triste (ou un triste portrait de femme), mais la mélancolie n'a pas de place dans Frances Ha, Il y a juste, à la fin, une légère amertume et c'est cela qui en fait un beau film: l'entrée dans l'âge adulte se fait en douceur, dans l'acceptation du temps qui passe, et, pour Frances, de ce qu'elle est.
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