Bon, il faudrait faire preuve d'une mauvaise foi sans bornes ou d'une admiration transie pour ne pas admettre que le film a un peu vieilli. Eh bien soit, faisons preuve de mauvaise foi -et d'un petit zeste d'admiration transie- car pour moi Frankenstein Junior n'a pas tant vieilli que ça. C'est surtout que le chef-d'oeuvre de Mel Brooks nous est devenu si familier qu'on a l'impression de le connaitre par coeur. Parce que Gene Wilder a malaxé tout un pan de la pop culture, créant lui-même un nouveau puits de références largement reprises depuis, à tel point qu'il y a forcément un clin d'oeil à Frankenstein Junior dans l'un de vos trois films préférés (si, si, cherchez bien, ah vous êtes fan de Haneke et Garrel ça c'est pas de bol).
Oui d'accord, je vous le concède, c'est difficile de se taper le cul par terre avec autant de vigueur que le jour où l'on a découvert le film pour la première fois. Mais merde, ça aussi il faut le concéder, même au bout de 50 visionnages, Frankenstein Junior regorge de répliques, de gags, de gros plans visages et autres conneries qu'on reverra toujours avec plaisir. Parce qu'il s'agit d'une parodie certes, mais emballée avec beaucoup d'amour et de culot -il en fallait pour imposer un tournage en noir et blanc à la Fox. Parce que l'hommage au cinéma horrifique des années 30-40 transpire le perfectionnisme (parfois au détriment de la comédie, c'est vrai) et donne au film un cachet esthétique non négligeable, avec une photo superbe et un score de haute volée. Enfin et surtout parce que tous les acteurs régalent, formant l'un des castings les plus aboutis et jouissifs de l'histoire de la comédie.
L'humour ne fait pas toujours dans la finesse, c'est vrai, mais il n'est au final qu'une parmi tant d'autres raisons de succomber au charme du film, qui est plus qu'une simple comédie.