Le cinéma d'Ira Sachs n'est pas de ceux qui assènent des vérités et font passer des messages avec force. Love is strange, Brooklyn Village et maintenant Frankie, il faut lui reconnaître une certaine constance dans la forme et dans le fond, avec une certaine idée du cinéma indépendant américain tel qu'il s'est enfermé dans un vague conformisme nonchalant et contemplatif. Frankie, contrairement à ce que son titre semble indiquer, est moins un portrait de femme qu'une tentative chorale qui décline façon catalogue les différentes formes de l'amour, à des âges variés. Autant dire que le film s'intéresse à des bribes d'histoires, sentimentales et existentielles, plus ou moins passionnantes et de toute manière peu développées. La chose n'est pas désagréable puisque l'on est à Sintra, au Portugal, et que l'on s'y promène longuement avec les protagonistes de Frankie, comme de simples touristes. Le personnage même de Frankie, incarnée par une Huppert très à l'aise dans ce rôle d'actrice au bout du chemin, n'est pas follement original mais reste suffisamment contrasté pour susciter un certain intérêt, ce qui n'est pas le cas pour ses compagnons en villégiature. Un peu frustrant pour des comédiens aussi talentueux que Brendan Gleeson, Jérémie Rénier, Pascal Greggory ou Marisa Tomei, entre autres. Frankie se termine sur un très beau plan qui survole de loin ses interprètes. A l'image, finalement, d'un film au caractère impressionniste qui ne suscite que peu d'émotion.