Interminable deuil
Avant tout mitigé, perplexe et pas entièrement convaincu, me voici un peu embarrassé face à ce dernier projet de François Ozon, qui, osons le dire, n'est pas totalement clair et fait du sur-place...
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le 8 sept. 2016
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Film de François Ozon réalisé en 2016. Semble-t-il un libre remake d'un film de Lubitsch réalisé en 1932 que je ne connais pas.
Résumé rapide : en 1919, un jeune français va demander pardon à la famille allemande d'un homme, Frantz, qu'il a été amené à tuer au front. Il se rend en Allemagne et rencontre la fiancée du soldat allemand ainsi que ses parents en se faisant passer pour un ami d'avant-guerre de leur fils et fiancé.
Ce qui est bien et beau et que j'ai aimé : d'abord et surtout le personnage de la fiancée Anna (Paula Beer) ainsi que le personnage des "beaux parents" qui effectuent un louable pas en arrière dans leur haine du peuple qui a tué leur fils.
La construction du film en passages heureux (en couleur) et tristes (en noir et blanc) est aussi une bonne idée.
Par contre, je n'ai pas du tout aimé l'idée générale du film qui me parait hautement improbable sinon scabreuse et qui ne montre finalement que le comportement narcissique et lâche du Français et dont le résultat va être destructeur car tout repose sur le mensonge : le pardon octroyé par les parents, l'amour naissant de Anna (Paula Beer) sont une insupportable imposture pour le spectateur qui connait les tenants et aboutissants, ... Ce qui est un comble pour un film qui se situe dans une période d'après-guerre où on n'a plus à détruire mais à construire ou se reconstruire sur des bases saines et certainement pas sur le mensonge. Trop souvent, la guerre a été une conséquence d'un mensonge ou d'une tromperie.
Et si par hasard, un jour, le destin, imprévisible, laisse apparaître la vérité. Dans quel trente-sixième dessous, vont sombrer parents et fiancée ?
A moins que l'objectif poursuivi par Fançois Ozon soit de condamner cette imposture. Mais le moins qu'on puisse dire, c'est que ce n'est pas explicite.
En admettant que le but du film n'ait été que la relation d'un acte pervers et condamnable, le film s'auto-condamne et démontre l'inutilité de son message
Le débat sous-jacent, c'est la réconciliation des peuples meurtris, c'est le pacifisme seul capable d'éviter ces effroyables (et inutiles) tueries.
Ce n'est pas ce film qui pourra ajouter une pierre à ce débat.
Créée
le 16 juin 2020
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