Freaks out est une bombe à fragmentation, 5 ans après le premier long-métrage de Gabriele Mainetti, On l'appelle Jeeg Robot, déjà marqué par une ambition et une audace peu communes. Mais ici, avec un titre (Freaks out) en hommage au classique de Tod Browning, le cinéaste italien va largement plus loin, plus haut et plus fort. Cela ne plaira pas à tout le monde, tant pis, cet essai inouï de mixer cinéma d'art et d'essai et blockbuster, tout en revisitant l'histoire de manière éhontée, façon Tarantino, et en osant aborder la Shoah, entre réalisme magique et violence à la Peckinpah. Et des références, on en trouvera à la pelle, de celles qui ne devraient jamais se croiser comme Fellini et les produits Marvel. Il y a tellement de choses dingues dans Freaks out que le minimum doit être dévoilé du scénario, furieusement baroque mais parfaitement écrit. Que le film soit un divertissement avant tout, cela n'est pas contestable, avec des scènes fulgurantes et pyrotechniques, mais il trouve un véritable équilibre entre des composantes variées : d'aventures, fantastique, historique, grotesque. Les Freaks sont naturellement humains et ouverts à la différence, à l'opposé des véritables monstres qu'ils affrontent, composantes de cette peste noire, qui est loin d'avoir disparue de nos jours. Le message est limpide derrière les effets spéciaux et a pour but d'atteindre ceux qui ne jurent que par le spectaculaire au cinéma : pari gonflé mais brillamment tenu. Dans cette glorieuse et monstrueuse parade, le film ne vaut pas que par l'exubérance de ses images mais prend le temps de construire des personnages attachants. C'est le cas des 4 super-héros alors que le méchant du film, lui (incarné par l'incroyable Franz Rogowski), est particulièrement peaufiné, avec ses propres pouvoirs, qui permettent de faire figurer une flopée d'anachronismes qui participent à la démesure et à l'intrépidité de ce feu d'artifice visuel et narratif qui, à défaut de faire l'unanimité, devrait devenir un objet de culte.