Parfois, on n'a pas envie de maltraiter ses deux-trois pauvres neurones moisis collés au fond du cerveau. On a envie de regarder un truc con, que l'on sait con, mais qui se regarde néanmoins avec plaisir. C'est juste que c'est con.
Et c'est d'autant plus con que ce film se prend au sérieux, affiche un premier degré désarmant. Non, il ne s'agit pas d'une parodie se foutant de la gueule du cinéma d'horreur. Si cela était le cas, il y aurait une réplique ou une réaction de personnage ou un gag visuel, enfin au moins quelque chose d'incongru qui ferait son apparition dans chaque scène. Or, ici, ce n'est pas le cas. Oui, il y a de temps en temps un dialogue ou même de courts moments qui pourraient faire penser le contraire, mais ils surgissent d'une manière beaucoup trop sporadique pour s'inscrire dans une continuité de ton.
Et cela se prend tellement au sérieux que l'on va plus loin dans ce domaine qu'un film d'horreur lambda, car l'ensemble se plaît souvent à plonger dans l'émotion facile à deux balles. Oui, si vous n'avez pas compris que la protagoniste a perdu son père, c'est que les milliers de coups de burin pour vous le faire entrer dans le crâne n'ont pas été efficaces.
Autrement, il y a absolument tous les poncifs du monde d'un film d'horreur avec des ados débiles qui vont se faire joyeusement massacrer, jusqu'aux quelques minutes en trop sur la fin avec le tueur décidément indestructible. Il ne manque absolument rien. Évidemment, il ne faut pas oublier d'évoquer aussi le milliard d'invraisemblances qui auraient passé crème si le tout avait été parodique, mais comme ce n'est pas le cas...
Bref, on retrouve exactement les mêmes défauts que dans Happy Death Day du même réalisateur, Christopher Landon. Ce dernier aime bien reprendre les concepts narratifs fantastiques utilisés dans d'autres genres. Après Groundhog Day, Freaky Friday, avec l'échange de corps.
Alors, c'est ultra-prévisible. On sait tout de suite qui va se faire trucider par notre tueur et qui va survivre. Le schéma scénaristique est que le fait que l'esprit d'un serial killer, particulièrement acharné à tuer son prochain, soit dans le corps d'une jeune ado va donner lieu à une vengeance sur ceux qui ont fait du tort à notre protagoniste. Ceux qui ont été méchant(e)s trépasseront, les autres resteront.
Mais bon, assez descendu ce film, passons aux quelques qualités qui en font un plaisir coupable.
La première, c'est le rythme. Il n'y a pas une seule seconde d'ennui.
La deuxième, c'est le soin que prend le tueur de toujours choisir une façon différente d'occire chacune de ses victimes. Il est à jamais à court d'imagination pour satisfaire et surprendre la jouissance perverse du spectateur du mieux possible. En plus, la réalisation des scènes de meurtre, bien gores comme il le faut, est réussie.
La troisième, c'est que Vince Vaughn, lorsqu'il est une jeune ado coincée dans une enveloppe corporelle de colosse sinistre, et Kathryn Newton, lorsqu'elle est un psychopathe sordide dans la peau d'une lycéenne séduisante, assurent à fond.
Donc, c'est con et plaisant, dans le même temps, à regarder. Conclusion : soyez sympa de temps en temps avec vos neurones.