6 ans avant Scream 3, Wes Craven décide de plonger dans le méta absolu, mettant en scène les vedettes du premier Freddy (uniquement Heather Langenkamp et Robert Endlund) face à un Freddy bien réel, sorti des cauchemars de son réalisateur qui, par ses films, cherchait à l'emprisonner dans la fiction.
S'il peut déplaire aux anti-meta, s'il peut sembler aujourd'hui le copié-collé d'un scénario de Scream, ce dernier volet de Freddy (le cross-over ayant plus sa place en avant-dernier et le reboot n'ayant pas donné suite) a le mérite de tirer le spectateur hors de l'ennui qu'ont pu provoquer les trop nombreuses suites des Griffes de la nuit.
Certes, il y a le plaisir de retrouver l'héroïne initiale - ou pour mieux dire, son interprète) dirigée par le créateur du mythe.
Mais l'intérêt est ailleurs: Freddy n'est plus ce personnage d'Elm Street qui ne frappe qu'à Elm Street, c'est à dire dans la fiction: il est bien réel, dans notre monde et peut nous attaquer nous. Il sort de la nuit, c'est à dire du conte.
Si la volonté de le rendre réel et fantastique à la fois n'est pas déplaisante, elle constitue un défaut. Pousser le méta - et par là-même le scénario - plus loin eût été moins terrifiant mais plus judicieux. Wes Craven aurait dû assumer le caractère meta de ce nouveau film jusqu'au bout et, au risque de faire du Scream perfectionné, faire passer d'une piste fantastique à une piste bien réelle, passant d'une fausse folie à une réelle folie.
Pour cela, deux choix: soit, Heather est devenue folle suite à sa participation à la saga et voit un Freddy qui n'existe pas. Soit, et c'est là l'idée la plus jouissive qui transparaît dans la scène de peinture d'Endlund, l'interprète de Freddy a besoin de Freddy pour que sa carrière ne soit pas au point mort et fait croire à son existence pour imposer un nouveau film; sa folie le lui dicte.
En résumé, un Freddy bien meilleur que les carrolliens précédents mais qui n'assume pas le potentiel de slasher réaliste qui aurait pu le rendre bien meilleur encore, justifiant d'autant mieux le choix du meta.