C'est le premier film Ben Wheatley que je vois, donc je ne pourrai pas faire de quelconque comparaison avec d'autres œuvres antérieures de lui. Donc, sur la seule base de ce film, le style de ce réalisateur m'apparaît comme celui de quelqu'un qui en appelle à Tarantino, à Scorsese (pour le coup producteur exécutif du film !!!) et à Guy Ritchie.
D'ailleurs à propos de Tarantino, si on excepte que le hold-up qui a mal tourné est remplacé ici par un "échange commercial" qui a tout aussi mal tourné, et découlant de cela, si on excepte aussi le fait que l'action ne va jamais se dérouler (si ce ne sont deux très courtes scènes et encore aux extrêmes alentours du lieu !!!) à l'extérieur de l'entrepôt désert où va se dérouler l'"échange" et ses suites, on s'aperçoit que le scénario pompe pas mal celui de Reservoir Dogs, d'où un fort sentiment de déjà-vu de ce côté-là...
Autrement, une époque, 1978, comme cela on a trouvé une justification qui fait que les divers protagonistes de l'histoire ne pourront pas appeler du renfort avec leur portable, pendant la nuit, dans un entrepôt désert, neuf personnages, deux gangs, des irlandais qui veulent des armes, des sud-africains qui en vendent, une intermédiaire... Une étincelle, qui n'a rien à voir avec la transaction en elle-même, mais qui vient d'un incident antérieur entre deux des personnages, va tout faire péter... Et c'est parti pour un ballet de coups de feu sans pitié, où chacun des protagonistes va peu à peu s'enfoncer dans une sorte de déchéance physique et psychologique, pataugeant dans le sang et la saleté...
Sur tout le premier tiers tient toute la phase d'exposition, généralement on profite de ce calme avant la tempête pour bien présenter les personnages et les creuser (parce que quand il y a échanges de coups de feu on n'a pas trop le temps de faire les présentations !!!), là ce n'est pas le cas. On aura juste un échange de répliques drôles, avec beaucoup de "fuck", et le cabotinage plus ou moins supportable de certains acteurs (plutôt moins en ce qui concerne Sharlto Copley !!!). Ce qui fait que devant ces silhouettes pas vraiment personnifiés, on n'a rien à faire de qui va être buté ou pas... si ce n'est pour le personnage, badass par la force des choses, joué par la canon Brie Larson, auquel on s'attache (et pas uniquement parce que c'est la seule présence féminine dans le casting !!!). Elle pousse par son talent et son charisme le spectateur à s'inquiéter du sort de l'intermédiaire qu'elle interprète. Mais le reste, on n'en a rien vraiment rien à foutre...
Autrement du point de vue technique, la phase d'exposition passée, de l'intensité des points de vuue de l'action et de la violence, il y a pas vraiment grand-chose à reprocher si ce n'est éventuellement un ou deux moments confus ; mais s'il n'y avait eu que ce défaut, ça passerait sans problème. En toute honnêteté, je n'ai pas éprouvé de déplaisir à regarder le film. C'est juste que le manque de substance des personnages et le pompage tarantinesque font qu'on n'a pas envie de considérer ce film autrement que comme un travail mineur. Et cela en dépit du côté huis-clos pas trop mal réussi, de la qualité des scènes de gunfight, et de l'excellente Brie Larson (à qui le badass sied à ravir !!!)...
Evidemment et en conclusion, pour ce qui est du réalisateur, je vais essayer tout de même de voir au moins deux ou trois autres de Ben Wheatley avant de prononcer un quelconque avis sur son style.