Free Guy de Shawn Levy est un gros film pas franchement subtil.
Cela résume globalement le film, dans le sens où les qualités (visuelles, budgétaires pourrait on dire ; casting ...) et les défauts (subtilités d'écriture ; innovation de mise en scène...) sont jouées à l'avance, rien n'est profondément surprenant.
Techniquement, les décors sont évidemment "beaux", à savoir d'une beauté convenue, comme l'esthétisme mathématique des films sur fond vert l'a imposé à la quasi majorité des grosses productions dont Free Guy fait partie. La colorimétrie est cependant peut-être trop édulcorée, donnant un côté "chewing-gum" à l'image globale un peu écœurante à force. Ce choix colorimétrique rend d'ailleurs difficile la coexistence de l'univers de Free City - le jeu, celui des PNJ - et celui des joueurs - celui des explosions & fusillades au sein même de Free City. Les musiques ne sont pas très bien utilisées, leur choix est bon mais la rythmique manque clairement de répercussion dans le montage et la mise en scène.
Scénaristiquement, certaines blagues "de clin d'œil / références" sont bien lourdes et se multiplient sur la fin. Final qui est d'ailleurs globalement sans surprise. La paradigme de l'amour comme moteur de ce qui brise le déterminisme le plus total (ici le code) semble très convenu au début du film. Enfin, de façon globale l'histoire de Free Guy nous laisse, une fois l'originalité de l'incipit intégré, dans l'éternel sentiment mitigé figurable par celui de la contemplation d'un tableau qui reproduirait juste très bien un objet. Ni révolution technique ou symbolique, ni accroche personnelle.
Pourtant, il y a quelques pistes d'intérêt qui peuvent sauver le film d'être une répétition de grosse production rigolote vue et revue.
L'éloge du code informatique qui est fait par un des développeurs, le présentant comme solution à l'imprévisible du langage aurait par exemple mérité un développement !
Le fait de prendre le point de vue du noob pour expliquer aux spectateurs les mécaniques du jeu est intelligent, cela évite les éternels écueils de pavés explicatifs de début de narration ou de parachutage grossier dans le scénario, tout en faisant directement appel à l'expérience des joueurs. Le "verso" entre les personnages et leurs joueurs est un bon ressort de comédie, plus que son exécution tombe parfois un peu dans la caricature des joueurs.
Les dialogues sont également bien écrits, notamment les blagues, et évidemment le jeu de Ryan Reynolds est pile dans le ton. L'acteur arrive a rester décalé aux autres personnages, son incarnation est vraiment drôle. Malgré le manque d'originalité de la résolution scénaristique, le parallèle qui est fait entre amour et amitié est agréable.
Ces quelques éléments suffisent à donner envie que d'avantage de grosses-productions-blagues explorent ces pistes afin d'apporter quelque chose de nouveau, d'intelligent tout en arrivant à être drôle et "classique".
Alors - même si la note ne veut rien dire, c'est seulement un repère - je positionne Free Guy au-dessus de 5 du fait de ces signes de départs meilleurs que la moyenne du genre. Puis, entre 6 et 7 autant choisir l'encouragement. Ce qu'on attend, en un poil mieux.