Contrairement à 12 Years A Slave ou encore Selma qui se contentaient de rappeler que le racisme et l'esclavage c'est mal, Free State of Jones va plus loin dans la compréhension de l’héritage historique américain, qui n’a toujours pas guéri des cicatrices du travail forcé et de la ségrégation des Noirs. Le film se penche d’abord sur la Guerre de Sécession avec le point de vue subtil des petits propriétaires terriens qui ne se reconnaissent pas forcément dans un affrontement où les riches (ceux qui possèdent des esclaves) défendent surtout leurs intérêts économiques. La scène d’ouverture montre la boucherie du conflit le plus meurtrier de l’histoire des États-Unis, loin de l’imagerie d’Épinal qui subsiste dans de nombreuses représentations cinématographiques comme l’imbuvable docu-fiction Gettysburg des frères Scott.
D’un pessimisme intarissable (mais juste), Free State of Jones est le long combat des déshérités de la nation, qui n’attendent que le salut de Dieu, avec ses longueurs et ses scènes de pendaisons pas plus tristes que le reste. Un peu dommage que le dégout de la guerre civile se transforme en joyeuse fête à neuneu quand il s'agit de dézinguer des tripotés de soldats confédérés pour se défendre. Les dates et les rappels historiques ancrent le récit car il est bon de rappeler que la Reconstruction ne fut autre qu’une nouvelle occasion manquée pour le pays de corriger ses erreurs. Le parallèle fait avec les années 1950 est en outre accablant tant la situation n’a finalement que peu changé en 90 ans.
Une fois encore, il ne faut surtout pas se fier à une bande-annonce qui condense la quasi intégralité des scènes d'actions du film. Il faut s’accrocher ou être intéressé par le sujet pour ne pas succomber à un film somme toute monotone porté par la seule présence du plus sudiste des acteurs d’Hollywood, ce bon vieux Matthew McConaughey.