Exemple type du film honorable, que ce soit par son sujet ou sa reconstitution très sérieuse, « Free State of Jones » ne m'a pourtant pas captivé. Je n'irais pas jusqu'à écrire que je me suis ennuyé, mais alors que le projet justifiait clairement un traitement épique voire lyrique, Gary Ross persiste constamment dans un classicisme propret, bien maîtrisé, cohérent dans ce qu'il raconte, mais manquant singulièrement d'intensité et d'émotion.
De plus, certains personnages, notamment celui de Keri Russell, ne sont absolument pas exploités alors que celui-ci aurait donné beaucoup plus de complexité et d'ambiguïté à la relation unissant Newton et Serena, sans parler de cette intégration lourdingue dans le récit du lointain descendant du même Newton, cassant un rythme déjà moribond...
Après, ne soyons pas trop sévères non plus : il y a de bonnes scènes (l'arrivée des noirs dans le bureau de vote, notamment), et l'œuvre cède finalement assez peu à la facilité, n'hésitant pas à filmer les différents moments de flottement et d'inertie inévitables durant ce genre de révolte (quitte, une fois encore, à rendre le spectacle un peu mou). Rien de honteux, donc, mais au vu du projet, il y a de quoi être un peu déçu.