French connection est l'une des perles du Nouvel Hollywood, cette période bénie où une nouvelle génération de réalisateurs est entrée dans les Studios, avec une liberté d'auteur jusque là jamais atteinte. Dans ce chef d'oeuvre de William Friedkin, nous sommes plongés dans un paysage urbain, aux côtés de personnages gris, où la frontière entre les bons et les mauvais est floue.
Popeye, incarné par Gene Hackman, va tenter de mettre à jour un réseau de vente de drogue à grande échelle: la French connection.
Inspiré de faits réels survenus dans les 60's, Friedkin choisit de filmer French connection comme un documentaire, caméra à l'épaule, avec une lumière naturaliste, un procédé proche des méthodes de la Nouvelle Vague qui survient alors en Europe. On peut constater le passé de documentariste du cinéaste, et cette précision dans sa façon montrer les détails d'un monde reviendra toujours dans ses prochaines oeuvres. Ici, il nous montre de façon réaliste le quotidien, et le mode de vie de la police new-yorkaise. Plus tard, il assistera à de véritables exorcismes pour l'Exorcisme, et il filmera minutieusement comment fabriquer des faux billets dans To Live and die in L.A...
Popeye est un anti-héros des seventies. Il est à contre-courant du bon flic: un raciste, brutal, colérique, au passé sali, obsessionnel et sans limites. Et son objectif n'est finalement pas de laver les rues de New-York de la dope. Ce qui l'anime est bien plus personnel. Il est confronté à son antagoniste: le baron de la drogue joué par Fernando Rey. Si Popeye est costaud, rude, trapu, habillé comme un sac, le vendeur de drogue français a quelque chose d'aristocratique, bien vêtu, grand, droit, noble. Quand Popeye se les gèle dehors, en mangeant un vieux bout de pizza accompagné d'un café imbuvable, le français se prélasse dans un bon restaurant, en dégustant des plats délicieux. Le vrai objectif de Popeye ? Une revanche personnelle en parvenant à arrêter son exact contraire.
Le film restera dans l'Histoire du cinéma pour sa légendaire course-poursuite entre une voiture et un métro aérien, filmé avec une fièvre et une adrénaline qui n'a pas pris une ride. Friedkin reitèrera la prousesse en montrant une autre poursuite en voiture dans To Live and die in L.A, cette fois sur une autoroute à contre-sens.
French connection s'inscrit ainsi dans la tradition des films de William Friedkin : le happy end n'existe pas dans son monde.
Le bad-guy s'enfuit, le policier tue par erreur un collègue et échoue à accomplir son objectif, les autres gangsters écoppent de peines ridicules...