Cinéaste de l’effondrement et du réalisme brut, William Friedkin est un cinéaste de génie qui a à peu près placé l’un des meilleurs films qui soit dans à peu près tous les genres qu’il a touché.
L’Exorciste, un must du film de pétoche, demeure encore inégalé, tout comme Sorcerer dans le genre du film d’aventure aux effluves de cambouis et de sueur, et Rules Of Engagement, même s’il a effaré les gratte-papiers du 16ème et les adhérents du partie socialiste, demeure un must du film sur l’armée.
Avec French Connection, son style réaliste, ses scènes de rue filmées caméra au poing, ses incroyables courses poursuites dans les rues de New York, les explosions de rage de son iconoclaste Popeye Doyle, admirablement interprété par Gene Hackman, Friedkin touche à la quasi perfection, même si le film n’est pas dénué de défauts récurrents relatifs à une œuvre du chien fou qu’il était alors. Il avait 36 ans et voulait révolutionner tous les genres qu’il touchait.
Avec sa hargne et sa science du réalisme brut, son envie d’aller fourailler sa caméra dans les coins les plus obscurs, on ne dénombre plus les scènes où les protagonistes de ses films doivent courir dans des flaques de boue ou se coltiner des ruades dans des ruelles sombres et malfamées, il adopte par l’imagerie qu’il réussit à imposer viscéralement, une démarche percutante qui fait à peu près exploser tous les clichés pour donner un rendu unique d’immédiateté et de réalisme froid.
French Connection est construit sur une succession de poursuites dans des ruelles embrumées et labyrinthiques, un jeu de chat et de souris intrusif et percutant qui met en branle les obsessions de son personnage principal, le célèbre Popeye Doyle, personnage habité par une rédemption destructrice, qui fait exploser toute notion de déontologie par des méthodes plus qu’expéditives, afin de toucher sa quête suprême. Sa rédemption étant mise en abîme comme une sorte de contamination. Car chez Friedkin, tout est dans la pathologie du mal et les moyens de l’exorciser.
Radical et expéditif, son polar est désormais considéré comme l’un des monuments du polar urbain. Un incontournable pour tout cinéaste voulant se frotter au genre.