Naissance du polar (Chroniques du Panda, à la quête des calins perdus, volume 12)
Résolument réaliste et moderne, French connection laisse le sentiment impossible à combattre que l'on assiste à l'avènement d'un genre.
Caméra à l'épaule, attentisme, un aspect pseudo-documentaire qui n'a rien à envier à des films bien plus récents.
Dans la nervosité de la réalisation et des courses-poursuites, des scènes d'interrogatoire, à l'inverse dans la passivité des inévitables planques, on retrouve cette ingéniosité.
Je concède quelques longueurs, mais tout en soupçonnant que ce soit à dessein, afin de souligner la difficulté de l'exercice, avec le froid, la faim, la fatigue qui menacent.
On passe son temps à attendre, souvent inconfortablement, pendant que les cibles sont potentiellement en train de se baffrer, parfois sans que cela ne rapporte le moindre indice.
Le soin apporté au respect de la vérité historique est palpable, tout comme la complexité des personnalités des deux principaux protagonistes.
Gene Hackman, presque choquant de jeunesse tant je n'ai vu que peu de ses films anciens, habite à la perfection ce rôle de flic volontaire mais un peu hors de contrôle, qu'on a depuis vu à maintes reprises, mais qui pour l'époque me semble audacieux malgré tout.
Jusqu'au point culminant de sa "folie", dont les détails sont laissés dans le flou néanmoins.
Je n'en dirai pas davantage.
Je relève deux scènes particulièrement bluffantes, parmi une très bonne qualité globale.
Tout d'abord la filature "solo" de Popeye, qui se conclut par l'excellent cache-cache dans la station de métro.
J'en profite pour souligner que les français sont pour une fois présentés comme les plus rusés de l'histoire (enfin particulièrement ce fameux Frog 1), c'est suffisamment rare pour qu'on le note.
Cela fait d'ailleurs plaisir d'entendre parler français avec une telle régularité dans un film américain. Notable également.
Et, bien sûr, la course-poursuite en voiture, originale au possible, dont je ne dis rien de plus afin d'en préserver tout l'impact et la tension.
C'est d'ailleurs la seule motorisée du film, le reste se résumant aux filoches et à des poursuites à pied, tout aussi palpitantes que les impressionnantes cascades dont la plupart des polars et/ou films d'espionnage se sentent obligés de se doter de nos jours.
C'est un film de haute tenue, bourré de qualités et très complet.
Pas étonnant qu'il constitue une référence en la matière.