Popeye Doyle,flic new-yorkais aux méthodes musclées,arrive à Marseille pour tenter de retrouver le trafiquant de drogue français Alain Charnier,qu'il avait arrêté aux Etats-Unis mais qui est parvenu à s'échapper et à regagner la France.Quatre ans après le fracassant "French Connection" de William Friedkin,inspiré de faits réels,débarquait cette suite nettement moins convaincante.Nous voici donc maintenant à l'origine de la fabrication et du transport de la came vers les USA,notre bonne ville de Marseille,haut-lieu de la criminalité hexagonale.Du film original ne restent que les personnages de Doyle et de Charnier,interprétés par les mêmes Gene Hackman et Fernando Rey.Et c'est en partie le problème car les producteurs ont visiblement voulu rentabiliser leur star,ce qui nous vaut une omniprésence d'un Hackman qui était un bien médiocre acteur à cette époque.Tout est centré sur lui et,à côté,le film n'est qu'un long documentaire traitant divers sujets que John Frankenheimer étale consciencieusement.Du coup,on ne retrouve jamais le rythme trépidant,l'énergie folle et le suspense haletant de la version 71.Ca commence par une visite guidée de la cité phocéenne,que Doyle parcourt en tous sens.Document aussi sur la France des seventies,et notamment ses flics qui fument,picolent,roulent en DS et sont toujours vêtus de costards impecs,même lors des opérations sur le terrain.On aura ensuite un descriptif de la façon dont on rend un type accro à la dope en lui injectant de l'héro pendant des semaines,puis une interminable suite de scènes exposant la manière d'opérer un sevrage à l'arrache.Suivra un reportage sur le conditionnement de la drogue dans des boîtes de bouillabaisse.Tout ça est terriblement lent et étiré,limite ennuyeux parfois,et porté par le surjeu d'un Hackman grimaçant au possible.Ce n'est pas que les sujets traités soient fondamentalement inintéressants,mais ils se marient mal avec la mécanique du thriller,qui demande un peu plus de cadence et d'action.Dommage,car certains éléments sont bien vus.L'image donnée de Marseille par exemple est loin des clichés touristiques.Des rues dégueulasses et surpeuplées,des arrière-cours où prospèrent les trafics,des immeubles insalubres,un banditisme bien installé,des ruelles qui sont de vrais coupe-gorges,et une population maghrébine déjà surabondante en ce temps-là,on ne peut pas dire que ça donne envie de passer ses vacances vers le Vieux-Port.Autre dimension réaliste bienvenue,les rapports de Popeye avec la population locale.En fait,l'américain et ses interlocuteurs ne se comprennent pas car ils ne parlent pas la même langue.Ca parait évident et pourtant c'est assez rare au cinéma,où l'on voit fréquemment des gens de différentes origines communiquer sans le moindre problème comme s'il existait un langage universel.Ce qui induit encore un élément documentaire intéressant car on constate que dans les années 70 la culture ricaine n'avait pas encore pénétré la France.Non seulement personne à Marseille ne parle anglais mais en plus les français ne savent pas ce qu'est un hamburger et ne connaissent rien au base-ball.Témoignage passionnant d'un autre temps,donc.Le traitement qui est fait du héros est également atypique.Doyle n'a rien de sympathique,c'est un gros con violent,sans-gêne et raciste,qui considère les français comme des sous-développés.Ses seules qualités,non négligeables,sont son honnêteté,sa conscience professionnelle et son obstination.Mais il n'a rien du surhomme estampillé US,et en dépit de ses airs de cow-boy,il va se faire tabasser,kidnapper,droguer jusqu'à l'os,puis subir une atroce désintox sauvage.Le scénario,en sus de sa platitude et de sa mollesse,contient quelques embarrassantes invraisemblances.Cependant,il y a dans le film certains moments de bravoure bien shootés par un Frankenheimer qui prouve que,quand l'occasion lui en est donnée,il peut livrer de l'action pêchue et aligner de très beaux plans.Dans cet ordre d'idée,citons la scène d'ouverture avec le vidage des poissons d'avril,l'incendie de l'hôtel,l'inondation de la cale sèche ou la poursuite finale lors de laquelle Doyle course un tramway puis un bateau.La photo de Claude Renoir a une délicieuse patine seventies,et les cascades sont réglées par Hal Needham,le complice habituel de Clint Eastwood.Parmi les assistants,il y a Bernard Stora et Pierre Tatischeff,le fils de Jacques Tati.Ces productions ricaines tournées chez nous permettent toujours de voir à l'oeuvre des acteurs français.Ils sont en nombre ici et,outre les amerlos Hackman et Ed Lauter ou l'espagnol Rey,on peut admirer Bernard Fresson,formidable en commissaire chef de la police marseillaise,Philippe Léotard et Jean-Pierre Castaldi,très bons,ainsi qu'une profusion de seconds couteaux talentueux,les Jacques Dynam,André Penvern,Roland Blanche ou Paul Mercey.