Au secours ! Rien ne m'a plu dans ce film lourdement psychologique, forcément inspiré d'une histoire vraie. Filmé et raconté avec les pieds, le film d'Olivier Casas n'a aucun intérêt. Pas même celui de raconter une belle histoire.
L’histoire vraie de deux petits garçons de 5 et 7 ans qui, abandonnés par leur mère en 1948, s'enfuient dans la forêt. Ils vont y survivre pendant sept années et tisser un lien qui les unira à jamais. Des décennies plus tard, les deux frères quittent tout pour se retrouver. Mais le passé et les secrets les rattrapent, même à l'autre bout du monde.
La partie du film consacrée aux flashbacks de l'enfance est assez ratée. La vie de ces Robinson Crusoë de 7 ans est un bon sujet. Un peu comme un roman de Jules Verne (’12 ans de vacances’). Hélas, cette partie du film souffre d'un excès de mignonnerie, et les plans sur les enfants sont d’une mièvrerie confondante. Les deux gamins ne sont d’ailleurs pas mauvais comédiens, mais ils sont trop beaux, trop charmants. Cette portion du film est trop proprette, pas assez crade. De plus, on ne sent pas le temps passer alors qu’ils ont tout de même passées 7 ans dans la forêt.
La partie contemporaine est encore pire que les retours en arrière. Très lourdement psychologisée, elle manque cruellement de finesse pour rendre compte de la relation fusionnelle entre les deux frères. Ce cadet qui serait le seul à comprendre l’aîné. L’aîné qui a intériorisé toutes les difficultés de leur vie de sauvage, le cadet qui vit avec le poids d’avoir été constamment protégé par son grand frère, le secret familial qui pèse. Tout cela est tellement pesant et cliché que c'en est effrayant.
De plus, les retours en arrière constants du film sont plutôt bâclés. Les transitions entre passé et présent sont vaseuses. Kassovitz qui chasse le caribou au Canada, et sur le plan suivant lui, plus jeune, qui chasse à la sarbacane dans les bois. Comme si chaque acte adulte ramenait à un évènement de l’enfance. La construction du film totalement mécanique finit par saouler le spectateur et étouffe toute émotion. On n’est jamais touché par ce que l’on voit.
En plus de cette psychologisation maladroite, Olivier Casas appuie et sur-surligne tout, avec des effets lourdingues. L'insupportable voix off d'Yvan Attal raconte et répète tout ce que l'on voit à l'écran. Et cette affreuse musique est toujours là pour nous intimer d’être ému.
Le film s’ouvre sur l'inévitable (et souvent de très mauvaise augure) « inspiré d’une histoire vraie ». Mais encore faudrait-il savoir ce qu’on en tire. Se contenter de restituer un fait divers ne suffit pas. Et puis, si l’histoire de ces deux garçons est indéniablement édifiante, est-elle pour autant intéressante ? Personnellement, je n'ai rien retiré de cette histoire, si ce n'est le fait qu'elle existe. Son apport au spectateur est assez mince.
Les derniers plans du films ont été filmés dans les lieux réels. La personne réelle dont l'histoire est tirée apparaît à l'écran. Le film s'inscrit donc dans un devoir de mémoire respectueux, admiratif et assidu. Mais, c’était peut-être plus approprié dans le film ‘Une vie’ de James Hawes avec Anthony Hopkins (également inspiré d'une histoire vraie et déjà très didactique). Le film n’était pas un chef-d’œuvre mais on y apprenait au moins une histoire méconnue et émouvante.