Le film précédent (excellent) de David Oelhoffen s'intitulait Loin des hommes. Frères ennemis en est en revanche tout près, des hommes, et avec une virilité exacerbée dans un film qui ne laisse qu'une place décorative aux femmes. L'intrigue prend racine dans les cités avec des affaires de trafic de drogue assez conventionnelles qui vont déboucher sur des règlements de compte et des fusillades qui assurent le quota "action" de ce film noir assumé qui se voudrait tragédie grecque. Reste que l'histoire ne sort pas vraiment d'une certaine opacité et n'est là que pour mettre en valeur le vrai thème de Frères ennemis : les rapports poreux entre flics et voyous matérialisés ici par les deux personnages principaux qui ont grandi ensemble avant que leurs chemins ne se séparent. On attend beaucoup de l'affrontement entre Matthias Schoenaerts et Reda Kateb dont le passé commun est crédible (ils sont nés tous les deux en 1977) mais leurs face à face ne sont que sporadiques et il y manque de la profondeur, faute d'avoir des éléments sous la main concernant leurs liens véritables au temps où ils étaient proches. Les deux acteurs ont cependant suffisamment de charisme pour densifier l'atmosphère et ils sont heureusement montrés avec un minimum de psychologie dans leur environnement respectif où ils sont l'un et l'autre plus ou moins suspectés de pactiser avec l'autre camp. Cette ambigüité sert le film mais n'absout pas le manque de lisibilité générale du scénario.