Il est étonnant de retrouver un tel film dans le catalogue de Disney + mais il va falloir prendre désormais l’habitude. En effet, avec ses multiples rachats, les fameux studios aux grandes oreilles souhaitent s’ouvrir à un public plus large sans oublier bien évidemment son cœur de cible avec un programme globalement familial. Avec son offre Star, la plateforme a donc décider de proposer des projets plus matures à commencer par des séries exclusives comme récemment Pam & Tommy ou bien encore Dopesick en fin d’année dernière. On sent donc ce nouveau vent chez Disney même si encore une fois cela est distillé ici et là, ce ne sont pas ces programmes qui viendront faire de l’ombre aux autres Marvel, Pixar ou encore Star Wars. Avec l’achat de la Fox par exemple, le catalogue cinéma de la plateforme a pris de l’ampleur avec entre autres la saga mythique Alien ou bien encore Predator. On est clairement loin des films destinés au grand public. C’est dans cette mouvance que l’on découvre ce nouveau film exclusif, Fresh, porté par un duo d’acteurs, Sebastian Stan (qui décidément ne quitte pas l’escarcelle Disney) et Daisy Edgar-Jones, vue récemment dans la minisérie géniale, Normal People. La jeune actrice était forcément attendue, c’est donc avec un certain plaisir de la retrouver dans ce long-métrage. Elle incarne ici une jeune femme qui enchaine les échecs amoureux et va rencontrer un homme charmant. Ils vont décider de se revoir, va naitre alors une histoire d’amour somme toute classique entre les deux protagonistes. Le film coche les cases de l’histoire romantique. Cette introduction ressemble fortement au conte de fées pour l’héroïne même si le spectateur est bien conscient que quelque chose se trame. Bien entendu le film n’a rien caché sur son intrigue durant sa promotion même s’il en a gardé dans le ventre. Dans un sens, on peut se lasser par ses premières minutes un poil longuettes, alors bien sûr cela permet d’insuffler une ambiance légère qui sera vite balayée par son intrigue principale, bien plus sombre. Cette idylle va se transformer en cauchemar lorsque cette jeune femme va découvrir que cet homme est loin du prince charmant. En effet, elle va découvrir que c’est un psychopathe lancé dans un business bien particulier à savoir la vente de chair humaine principalement féminine à destination d’une clientèle. Il prend ainsi un plaisir à kidnapper et torturer des jeunes femmes. Encore une fois, il n’y a aucun secret gâché dans ces lignes, le film assumant ce décalage même si on aurait apprécié moins de dévoilement sur l’arc narratif afin que la stupeur soit plus prendre au moment des révélations. Pour le coup, on est peu surpris par la tournure des évènements, on était presque dans l’attente de ce chamboulement scénaristique. Cette histoire romantique tourne au film d’horreur. Sebastian Stan s’éclate dans le rôle de ce psychopathe avec une prestation à souligner, il parvient à passer du charme à la terreur avec une facilité déconcertante, preuve que l’acteur en a sous le capot et est loin de son rôle de personnage secondaire dans l’univers Marvel avec le Soldat de l’hiver. Cependant, le film peine à être aussi déroutant que son personnage et se focalise sur le rapport ambigu entre le tueur et sa victime. Loin d’être amateur de violence gratuite, on aurait souhaité que le film aille plus loin dans son délire. Il tente bien quelque chose mais globalement on n’est pas aussi choqué qu’on pouvait le penser. Au contraire, on a vu mieux ailleurs. Néanmoins, le duo d’acteurs porte ce film par une prestation géniale dans ce lien entre le prédateur et sa proie. Dommage que la mise en scène ne soit pas aussi folle. En effet, on sent que le film est tiraillé entre rester sérieux et lâcher complètement les chevaux. On suit en parallèle l’enquête de la meilleure amie de cette jeune femme sur sa disparition qui vient ralentir malheureusement le film. Si celui-ci ne surprend pas globalement, il parvient pourtant à distiller des révélations qui nous font tenir jusqu’au bout, curieux de découvrir le dénouement d’une telle histoire. Il lui manque tout simplement ce grain de folie qui aurait tellement apporté en s’imposant comme une comédie noire au plaisir coupable. Au contraire, s’il est divertissant et non dénué de quelques passages choc, le film ne va pas au bout de ses ambitions.