On était en 1976, et on commençait à parler, avec un peu de honte et de jouissance comme s'il s'agissait là de cinéma pornographique, d'un Canadien fou qui allait loin, très loin, dans ses films fauchés : Cronenberg, qu'il s'appelait, ce drôle d'oiseau, ce nouveau roi du cinéma alternatif. Nous sortîmes donc un soir avec ma bande de copains, déjà bien imbibés d'alcool, pour découvrir ce fameux "Parasite Murders" (le titre "original" sous lequel le film était distribué, quand même plus sympa et plus honnête que "Frissons" / "Shivers" !), et nous découvrîmes pour le coup, derrière les horreurs gore, quelque chose de beaucoup plus intéressant, mais aussi beaucoup plus effrayant : une vision pour le moins unique d'une sexualité frénétique, froide et contagieuse. Nous sortîmes de la salle tous tourneboulés, et dans mon cas David Cronenberg allait devenir l'un de mes metteurs en scène préférés pour une bonne vingtaine d'années.
[Critique écrite en 1994]