"Je n'ai aucune idée de ce que je fous là."

Fumer fait tousser, et Dupieux fait plaisir. Cette comédie foutraque, joyeusement gore, à la désinvolture provocatrice (tout est très mal truqué), est certainement l'un des Dupieux les moins abordables. Pour citer le Monsieur au tapis de Cannes, venu nous taper la discu (très sympa) : "Je n'ai aucune idée de ce que je fous là.". On a répété ce mantra entre deux quintes de rire, devant Fumer fait tousser, nous demandant comment on en était arrivé à rester assis devant une parodie éléphantesque des Power Rangers, devant une grossière marionnette de rat qui bave verdâtre et dont les mouvements de bouche n'ont rien à voir avec le texte (et qui nous prive de la vue de Chabat... Oh damned), devant une promesse de film de super-héros pour nous faire un magnifique doigt d'honneur avec le sourire clope-au-bec ("eh non, c'est un film d'historiettes d'épouvante")... Justement, après le flou visuel volontaire du précédent Incroyable mais vrai, on sent que le réal pousse le bouchon le plus loin possible pour voir si on le suit, comme un défi à notre capacité à lâcher prise, à s'éclater avec lui dans un nanar qui rend hommage aux films de la Amicus (les films fauchés qui regroupaient toujours un panel de personnages dans un endroit isolé où ces derniers racontaient des histoires qui font peur qui se terminaient toutes de façon extravagante, avant de finir eux-mêmes sur un twist final très attendu... Oui, Quentin, on a la réf'). On a donc suivi, on a embarqué dans le délire, tout en feignant de ne pas voir les regards en coin outrés de notre accompagnatrice (novice des Dupieux), et nous préparant à rentrer en courant derrière la voiture. Aussi, on vous comprendra mille fois si pour vous Fumer fait tousser a des relents d'incompréhensions, il faut être légèrement maso pour accepter ce postulat le plus j'en-foutre possible (jusqu'à l'histoire de Blanche Gardin - celle qui nous a le plus plu - qui n'a même pas de fin, ni même l'arc narratif principal... Il n'en a rien à fiche, vraiment, Quentin est en roue libre). Le seul passage qui pour nous a été la quinte de toux de trop, a été

la mutinerie de la famille d'aliens (pourquoi la mère et le fils tuent le père ? Que vont-ils faire de la Terre ?),

car il s'agit du twist principal, et on ne comprend rien (une boulimie de non-fins, tue la non-fin). Au final, le casting nous a fait tourner la tête (Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Gilles Lellouche, Vincent Lacoste, Anais Demoustier, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra, Adèle Exarchopoulos, David Marsais, Gregoire Ludig, Blanche Gardin... On reprend notre souffle), les histoires racontées avec un budget dérisoire et une immense folie nous ont rappelé les films de la Amicus version nanar assumé, et le côté j'en-foutre a été poussé curseur à fond, ce qui, dans la grande majorité, nous a fait rire. On a été surpris, vraiment très surpris, par l'ensemble du film, et même si l'on est assez malmené en chemin, cette constante surprise et originalité nous font coller au siège, désireux de voir jusqu'à quel point Dupieux peut nous souffler sa fumée de Gauloise dans la tronche. Pour nous, une quinte...de rire.

Aude_L
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le 10 déc. 2022

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