Joe Wilson est sur la route pour rejoindre sa fiancée. Arrêté, il est injustement accusé de l'enlèvement d'une jeune femme. La foule, excitée par plusieurs meneurs, prend d'assaut la prison où il est enfermé.
Furie est un drame de Fritz Lang de 1936. Le film fut tourné après l'exil aux Etats Unis du réalisateur d'origine allemande.
Le film raconte l'arrestation d'un homme soupçonné d'enlèvement par la police. La population apprenant l'arrestation de cet inconnu et son incarcération décide d'assiéger la prison et de lyncher le prévenu.
Critique de la société américaine
Pour la réalisation de Furie, Lang fut inspirée par le coté quotidien des lynchages massifs aux Etats Unis qui constituait un signe des temps dans ce pays violent et génocidaire qui s'est construit sur l'éradication de sa population d'origine . Il est également probable que l'évolution politique de son pays de naissance, l'Allemagne, tombée sous la coupe des nationaux socialistes, un parti populiste à poigne trouvant sa légitimité dans la rue et les démonstrations de force de foule constituèrent également une source d'inspiration pour le réalisateur.
Fritz Lang se livre dans la première partie du film à un critique impitoyable de la société américaine, de son idéal démocratique à sa vision de la justice. Tant par le caractère inflammable du soulèvement de la population que par la décision politique de ne pas faire intervenir la garde nationale pour protéger la prison à la veille des élections, le bilan est affectivement accablant pour la société américaine.
La vengeance et le pardon
La deuxième partie du film est consacrée au procès des 22 fauteurs de troubles -et présumés assassins- ayant détruit la prison et causé la mort de Joe Wilson. Coup de théâtre, Joe Wilson a en fait échappé aux flammes et à la mort. De retour clandestinement dans sa ville d'origine, le brave homme s'est métamorphosé en boule de haine et de rancoeur n'ayant plus qu'un objectif: voir ceux qui ont essayé de le tuer être conduits à la potence. Pour cela, il compte bien rester caché et passer pour mort.
Avec son physique massif et sa "tête carrée", Spencer Tracy n'a aucun mal à interpréter ce personnage aigri et désespéré, légitimement guidé par une obsession mortifère et revancharde...
Lumineux dans sa dernière partie, le film se termine sur une note de miséricorde voyant un Joe Wilson transfiguré se présenter au tribunal pour y révéler qu'il est toujours vivant et reconquérir sa fiancée Katherine Grant (Sylvia Sidney) qui l'avait cru mort.
Si formellement, Fritz Lang s'est éloigné de l'expressionnisme de ses précédents films tournés en Allemagne (Metropolis, M Le Maudit, Docteur Mabuse...), Furie demeure, sur le fond, un film magistral et universel sur la bêtise humaine, la rumeur, la vengeance, l'amour et le pardon qu'il est parfois si difficile d'accorder à son prochain.
Ma note: 8/10