Entre efforts louables à petits budgets et tentatives télévisuelles ratées, le cinéma de genre français peine encore à s'imposer, maltraité voire délaissé durant la dernière décennie. Ce qui n'empêche pas des réalisateurs enthousiastes de persévérer... Ainsi, après un Territoires remarqué, Olivier Abbou s'inspire d'un fait divers survenu dans le Sud de la France et pond avec son comparse Aurélien Molas un scénario machiavélique où une famille se voit privée de rentrer chez elle suite à un document signé qui se retourne contre elle. Le début d'un enfer pour Paul, le mari, qui voit son existence entière remise en cause...
Hélas, en dépit de brillantes idées et d'une mise en scène impeccable, Furie brasse tellement de sujets qu'il se perd lui-même en cours de route : home invasion déstabilisant, critique maladroite du racisme français et des incohérences judiciaires, film d'horreur brutal, thriller psychédélique... Le réalisateur étouffe son film d'un trop-plein de thématiques pas toujours bien menées quand d'autres questionnent quant à leur utilité à un récit qui aurait gagné en simplicité/efficacité. Non dénué de séquences viscérales et d'une continuité certaine dans son scénario, le long-métrage reste une surprise de taille dans une France inondée par les comédies tout public.
Épaulé par une interprétation solide (principalement constituée du casting de la mini-série "Maroni, les fantômes du fleuve", des mêmes auteurs), pourvu de séquences musclées et d'inspirations premières (l'évidence Orange Mécanique), le film réussit à demeurer crédible tout du long pour peu que l'on se prête au jeu de l'histoire, forcément dynamisée pour ne pas dire romancée. Dommage donc pour les quelques maladresses scénaristiques évitables et la poignée de scènes dispensables sous psychotropes, Furie restant tout de même dans son ensemble un puissant thriller redorant agréablement le blason du cinéma de genre français.