Premier film de studio pour Brian De Palma six ans après le chaotique Get to Know Your Rabbit, qui adapte presque à contrecœur le roman "Furie" de John Farris (alors qu'il voulait adapter "L'Homme Démoli" d'Alfred Bester). En l'état, De Palma se fiche éperdument du scénario, il préfère profiter de cette histoire d'adolescents télékinétiques pour mettre à profit ses talents de faiseur, son expérience d'avec son précédent film ayant par ailleurs prouvé qu'il était capable de mettre en scène une imagerie puissante et originale. Manque de bol, Furie n'a non seulement ni les mêmes qualités graphiques que l'adaptation de Stephen King ni l'étoffe d'un grand film fantastique.
Nous y suivons Kirk Douglas dans la peau du père d'un gamin aux pouvoirs psychiques aux prises avec une organisation gouvernementale visant à exploiter les petits prodiges. Contenant pourtant pas mal d'envols visuels intéressants comme une double (voire presque triple) focale, un flashback sous forme de projection surréaliste et une élégante poursuite en slow-motion, les performances visibles de Furie restent assez discrètes, De Palma livrant un film assez anecdotique bien qu'intéressant dans la forme, avec ce concept de réunir deux films en un : la première partie menée par Kirk Douglas est plus centrée sur l'action et l'humour léger tandis que la seconde avec Amy Irving bascule au coming-of-age fantastique.
Le long-métrage manque cependant de contenu satisfaisant et de méthodologie dans son rythme assez boiteux, les presque deux heures de bobine ayant pu être grandement écourtées. Enveloppé par la puissante musique d'un John Williams néanmoins plus effacé, Furie reste tout au plus sympathique mais en rien enivrant, le peu de passages vraiment exaltants et l'interprétation finalement très "hollywoodienne" de Douglas, John Cassavetes, Charles Durning (qui retrouve le réalisateur après Sœurs de sang) ou encore Amy Irving (découverte elle aussi dans Carrie) ne sauvant pas ce film d'une étrange banalité.