"Une foule, ça ne pense pas !" (!) SPOIL WARNING (!)
C'est assez incroyable comme la réalisation de ce film paraît moderne alors qu'il date de 1936. Fritz Lang réussit là un vrai tour de force, d'autant que l'histoire, un peu lente à se mettre en place, devient rapidement passionnante en prenant une tournure inattendue. Le metteur en scène épingle également avec brio la bêtise humaine qui sévit au sein de cette foule décérébrée, nourrie de ragots, de fausses informations et de raccourcis faciles, dépassée par son absurde avidité de violence et de "justice". Le spectateur assiste, impuissant, à la méprise dont est victime le personnage principal, étincelle qui fera naître une tension qui se propagera comme une traînée de poudre jusqu'au fameux "lynchage".
L'histoire aurait pu s'arrêter là, mais Lang va plus loin avec le procès (qui verra les agitateurs passer du camp des bourreaux à celui des victimes), prétexte à divers rebondissements entretenant le suspense et à des réflexions sur différents thèmes comme la culpabilité, les pulsions ou le désir de vengeance.
Minces sont les frontières du bien et du mal, et "Fury" nous le rappelle brillamment. Sans doute l'une des oeuvres majeures du cinéma américain de la première moitié du 20ème siècle.