Grosse envie de défendre ce film généralement modérément apprécié et qui marque la fin de la seconde période chez DePalma. Celle du Phantom, de Sisters et de Carrie, où tout part dans tous les sens, et où le budget ne sent pas encore tout à fait la grosse machinerie... D'ailleurs avant de se diriger vers ses succès planétaires, DePalma aura fait un retour vers le ciné indé après celui-ci. Preuve que The fury marque un tournant.
L'intérêt de Fury, ce sont ses zones d'ombre. On ne sait pas vraiment qui sont les personnages, ce qu'ils font, ni pourquoi ils le font. On nous pose un décor sans trop nous en donner les clés, et on est prié de se débrouiller avec ça. C'est bizarre dès le début, ça continue bizarre et ça finit bizarre itou. La structure est par ailleurs un peu bancale et rajoute une couche de surprenant à l'ensemble. Et les trouvailles visuelles sont légion, ce qui rajoute côté intérêt.
Le fait que ce soit l'adaptation d'un livre en fait l'originalité. A l'inverse de Dressed to kill, Obsession ou Body double, DePalma n'emprunte pas ici à Hitchcock des pans entiers de scénario. Mais Fury est pourtant réalisé dans l'esprit d'Hitchcock. A titre d'exemple, la scène de l'évasion du pensionnat répond à celle du champ et de l'avion dans North by northwest. Mais on est davantage dans la citation que dans l'emprunt.
Évidemment, on est en 1978. Donc les grincheux trouveront à redire. Le film a bien sûr un peu vieilli. Il peut paraitre kitsch vu tout ce qui est sorti depuis, et certaines touches d'humour peuvent tomber à plat. Si on le découvre maintenant, on n'est sans doute moins impressionné qu'à l'époque. Mais ça reste un grand film fantastique.