Difficile de bouder son plaisir devant ce divertissement d'action qui offre en grande partie ce qu'il promettait ; de l'action grouillante et poussiéreuse, un film Mad Max.
En tant que tel Furiosa est bon. Le film possède en lui ce qui fonctionne si bien avec le reste de la saga, à savoir que l'action est le scénario, et que le scénario est très bien écrit en ce sens. C'est l'action qui dicte et non la parole et lorsque la parole prend une place importante, ce n'est que pour des discours volontairement verbeux et vide de sens, un peu comme tout cet univers qui entoure la hiérarchie politique des films Mad Max, avec des figures qui s'auto-désignent par des termes connotés divins ou royaux, dans un monde où finalement il n'y a que l'acte qui peut compter, en témoigne le silence des personnages principaux en comparaison avec leurs antagonistes.
Alors tout comme dans l'opus précédent, on retrouve cette qualité de la mise en scène frontale de la matière, du mécanisme vrombissant des engins aberrants qui servent de voiture, de la suie, de l'essence, jusqu'à la pêche écrasée dans la main d'un pillard. C'est en cela que ces films sont fascinants et peuvent nous accrocher longtemps pour suivre des scènes d'actions qui puent la matière, c'est organique, ça grouille de partout et c'est bon. Et Furiosa ne déroge pas à cela.
Néanmoins, si ce film permet d'élargir l'univers, d'en voir plus sur ce monde post apocalyptique, qui n'est pas du tout dénué d'intérêt ni de sens, la volonté de mystifier l'histoire est telle qu'elle vient légèrement s'opposer à la matérialité de l'action en elle-même, créant alors un paradoxe étrange où les caractéristiques même du réel qui se meut sous nos yeux sont ternis pour laisser place à une voix-off légèrement pompeuse, ou encore un chapitrage avec des titres assez clichés ("Beyond revenge"), ou encore à la durée du film un poil excessive pour conserver l'aspect "furieux" de l'action, et il est difficile de dire si cela colle tout à fait à l'univers ou bien si c'est une faute de goût desservant ce qui faisait la qualité de ce divertissement...