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Mouaif...Comment dire...

Disons que, lorsque j'ai appris la sortie de ce film, je n'en ai pas vu l'intérêt. Et maintenant qu'il est sorti et que je l'ai vu...

Eh bah c'est pareil.


Alors OK, George Miller. OK, la claque laissée par Fury Road, je veux bien. Pour le coup, je me sens le premier concerné par ce genre d'émulation.

D'un autre côté, on a justement déjà Fury Road sous la main, donc à quoi bon refaire ce qui, sur le papier comme sur la péloche, ne se réduit qu'à une banale promesse de redite ?

Parce que, bon, moi l'intérêt de la prequelle, ça m'échappe encore. À part faire du fan service à quoi bon ?

En savoir plus sur les origines ? Focaliser l'attention sur la toile de fond que Fury Road n'avait fait que survoler ?

Moi je veux bien, mais au regard de ce Furiosa, ça se traduit comment ?

Mêmes endroits. Mêmes personnages. Mêmes cultes. Même luttes endiablées...

Soit, il y a bien deux ou trois nouveautés mais, étant donné le fait qu'on sache qu'on assiste à une prequelle, on a par conséquent parfaitement conscience que tous ces ajouts seront amenés dans des impasses pour assurer la continuité entre les deux œuvres. Donc bon, à quoi bon s'attacher à ce qu'on sait sans issue ?


Dès lors, que reste-t-il ?

Reste donc, à bien tout prendre, tout ce qu'on connait déjà. Tout ce qu'on entend nous resservir mais avec quelques informations supplémentaires. Bref, ne reste donc que le fan service.

À l'image d'un triste épisode A Star Wars Story, tout est prétexte à justification : voilà comment Furiosa a perdu son bras ; voilà comment Furiosa a obtenu son flingue ; voilà comment Furiosa s'est mise à conduire des convois...Tout ça relève pour moi plus du fétichisme que d'un quelconque intérêt d'intrigue ou de propos.

On ne découvre plus rien. On redécouvre.

Alors certes, comme l'indique ma note, je ne considère pas pour autant que tout soit à jeter dans ce Furiosa. George Miller oblige, le film n'est pas dépourvu de moments généreux. Scènes d'attaque de convoi, bagarres nerveuses, fascination pour une étrange sauvagerie, Furiosa apporte son lot de belles images et de ponctuels instants de folie qui savent se poser là.

Bref, autant d'éléments qui n'ont pas rendu mon déplacement inutile, loin de là...

Mais encore une fois : au bout du compte quel intérêt ?


Les scènes de poursuite sont certes chouettes, mais elles reprennent tout de même grandement les principes et l'esthétique de celles présentes dans Fury Road.

Même chose pour cette photographie excessive mais interpellante, ou pour ces moments passés dans la Citadelle ou ailleurs. Pas odieux en eux-mêmes, mais déjà vus dans l'opus précédent...

...Déjà vus, et souvent en mieux dans Fury Road.


C'est d'ailleurs un peu ça qu'il y a de désolant dans ce Furiosa. Il ne rompt rien. Ne franchit aucun cap. N'impose rien de nouveau. Or c'était justement tout l'intérêt de la saga Mad Max !

À part peut-être le troisième opus, chaque film Mad Max marquait une rupture par rapport à son prédécesseur. C'était à chaque fois une étape de plus dans l'âge du post-pétrole. Une étape de plus vers le retour à l'état sauvage. Vers la folie...

Or c'était aussi en ça que Fury Road avait su se poser en son temps : outre son style, sa maestria narrative et son univers, il avait su poser une rupture. Rupture avec le cinéma de son temps et surtout une rupture dans la saga Mad Max à la façon dont le 2 avait su opérer un saut par rapport au 1.

Là, avec Furiosa, on reprend la même tambouille, quitte à abandonner le principe de vertige apporté par chaque nouveau film Mad Max ; quitte à opérer une marche-arrière narrative au sein d'une saga qui, jusqu'à présent, avançait par grands bonds.


En cela je trouve que Furiosa n'apporte rien. Plus que ça, j'irais même jusqu'à dire qu'il va jusqu'à retirer quelque chose.

Il retire de la radicalité sitôt apporte-t-il de la familiarité. Pire encore, je trouve même que, globalement, à se risquer à une certaine surenchère faute d'être parvenu à renouveler le fond, ce Furiosa rompt avec une certaine charte visuelle, multipliant les CGI peu reluisants et réduisant à peau de chagrin les vrais moments de silence qui faisaient pourtant la force et la splendeur de Fury Road.


En somme, me voilà avec un bien étrange sentiment au sortir de ce Furiosa.

Le constat d'un film qui reste sûrement un peu au dessus du lot dans son genre mais qui, en contrepartie – et au regard de la saga dont il est tiré – s'avilit malgré tout aux pires vices de son temps : répétitions, fan service, dilution.

Comme quoi, le chemin qui mène jusqu'à la désolation, on peut aussi s'y engager sitôt manque-t-on d'ambition.

Créée

le 14 juin 2024

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