Eh bah ce n’est pas si mal que ça en fait ! J’avoue que je m’y étais rendu sans réelle conviction, craignant l’énième film de guerre où la seule originalité allait consister à suivre l’affreuse mode du moment en terme d’action. Et pourtant… Alors certes, rien d’original dans le fond, mais j’ai trouvé la forme très soignée et, sur la longue, assez audacieuse. C’est bien cadré, c’est bien dialogué, c’est bien monté, et la musique sait relever le tout sans trop en faire (…et cela malgré quelques loupés). Tout ça est très cohérent, très esthétique, voire même parfois audacieux. Or, moi, l’audace, j’aime ça … Oui enfin sauf quand il s’agit de représenter les tirs de mitrailleuses et de canons par des rayons laser (je sais que ce n’était pas l’idée de base, mais franchement c’est l’effet que ça rend.) Après, je ne dis pas, sur une ou deux scènes, ça donne des situations et des plans assez saisissants, mais bon, la plupart du temps, j’avais quand même l’impression de revivre la bataille de la Lune d’Endor… Enfin bref, mis-à-part ce point de détail, je dois bien avouer que, dans l’ensemble, le dosage formel m’a bien botté, du « ni trop ni trop peu » comme je les aime, si bien que je me suis assez vite senti à l’aise dans cet univers. Et c’est d’ailleurs finalement cet univers qui est le vrai atout de ce film. On est loin des passages habituels où, alors que le Reich semble au plus fort, le vaillant courage des héros ordinaires (mais américains tout de même !) permet de faire triompher le monde libre. Non, là on est en fin d’effort, en pleine Allemagne, en pleine usure. Nulle stratégie, nul courage : l’innocence est loin, il faut juste avancer en tirant dans le tas, en attendant que l’avantage du nombre fasse se terminer cette guerre qui n’a plus vraiment de sens pour personne. Il y a vraiment un côté désabusé et post-apocalyptique dans ce film. Les idéologies n’existent plus : il faut juste tuer l’autre avant qu’il nous tue. Il en est presque dommage que ce film ait tant voulu tenir la corde du film convenu, mainstream (donc pas trop trash moralement,) car s’il s’était un peu laisser aller, David Ayer aurait pu facilement se laisser guider sur les traces d’un « Requiem pour un massacre » ou autre « Croix de fer ». Mais bon, justement, il n’en est rien... D’un côté je pourrais m’en lamenter longtemps et tailler en pièce ce « Fury » pour manque de caractère (ce personnage de novice innocent joué par Shia Labeouf, je l’ai juste trouvé à baffer) ou bien pour manque d’audace (ce final conventionnel :


il a beau être joli, il fait quand même bien retourner le film sur la droite ligne, et c’est dommage.)


Mais bon, moi je préfère plutôt féliciter qu’un film qui se voulait mainstream se soit osé à un vrai parti pris esthétique et d’ambiance. L’un dans l’autre, je m’y retrouve quand même pas mal, et même si je n’ai pas été foudroyé par ce « Fury », j’ai quand même passé du bon temps sans m’ennuyer, c’est déjà pas mal…

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le 28 sept. 2017

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