Hara qui rit
Furyo c’est d’abord un thème musical magnifique qui vous titille les lacrymales pendant tout le long du film. De plus, au-delà d’un film de guerre et d’une histoire de confrontation entre deux...
le 2 sept. 2013
54 j'aime
1
⚠️ Une maintenance est prévue ce Mercredi 4 décembre de 9h00 à 13h. Le site sera inacessible pendant cette période.
C'est un film de guerre atypique, sans aucun combat ni exploit héroïque, tout se joue dans un camp japonais de prisonniers britanniques à Java, où le réalisateur de l'Empire des sens s'interroge en profondeur sur l'incommunicabilité entre 2 civilisations que tout oppose. Ce propos rappelle un peu le Pont de la rivière Kwaï dont ce film est l'antithèse, on y retrouve en effet un commandant de camp japonais à la discipline de fer qui s'affronte avec un officier anglais christique, sauf que cet affrontement est différent et se transforme en un chassé-croisé quasi amoureux qui est transcendé par une étrange perversité. Lorsque j'avais vu ce film en VHS il y a bien longtemps, j'avais trouvé ceci assez dérangeant par endroits ; ayant eu l'occasion de le revoir récemment en replay, ça m'a fait le même effet.
La confrontation est forte, les 2 hommes, inconsciemment attirés l'un vers l'autre, s'observent et se menacent au milieu d'une sous-tension où apparait un rituel sado-masochiste habillant leur relation homosexuelle, rythmée par des scènes sanglantes (tortures, prisonniers battus, hara-kiris, décapitations, brimades sévères). Et quand ces 2 soldats sont incarnés par David Bowie et Ryuichi Sakamoto (qui est un artiste au Japon aussi célèbre que Bowie), cette étrange perversité prend un sens encore plus troublant. Bowie est un androgyne blond, martyr donc désirable, il souffre donc il est beau.
En principe, ce n'est pas le genre de film que j'affectionne, de plus c'est parfois pénible par quelques longueurs contemplatives, le réalisateur s'abandonne à une caméra paresseuse et n'hésite pas à insérer des flashbacks freudiens parfois pénibles. Mais malgré tout ça, cette relation troublante et ce jeu de regards entre Sakamoto et Bowie sont au final suffisamment forts pour que je m'y laisse prendre, Bowie y livre sans doute sa prestation la plus intéressante au cours de sa période cinématographique, même si son rôle de broussard destiné au départ à entrainer des guerilleros, s'avère peu crédible ; il faut avouer qu'il est ici particulièrement beau comme un dieu, ça doit jouer aussi dans le processus d'appréciation de ce film dont la musique composée par Sakamoto est grandiose. A noter qu'on y découvrait dans le rôle du sergent Hara, Takeshi Kitano alors inconnu du public occidental.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les plus belles affiches de films, Les meilleurs films sur l'univers carcéral, Les meilleurs films japonais, Les meilleurs films se déroulant au Japon et Films étrangers
Créée
le 24 févr. 2020
Critique lue 962 fois
28 j'aime
21 commentaires
D'autres avis sur Furyo
Furyo c’est d’abord un thème musical magnifique qui vous titille les lacrymales pendant tout le long du film. De plus, au-delà d’un film de guerre et d’une histoire de confrontation entre deux...
le 2 sept. 2013
54 j'aime
1
Si l'on m'avait dit, avant de connaître SC, qu'un jour j'irais me manger dix heures de train en un week-end, juste pour aller à Strasbourg rencontrer des inconnus et voir avec eux un film Japonais de...
Par
le 23 mars 2015
47 j'aime
31
Co-production entre le Japon et la Grande-Bretagne, "Furyo" est adapté de deux ouvrages signés Laurens Van der Post, qui revenaient sur l'expérience de l'auteur pendant la seconde guerre...
Par
le 21 mars 2015
38 j'aime
Du même critique
Les premiers westerns de Sergio Leone furent accueillis avec dédain par la critique, qualifiés de "spaghetti" par les Américains, et le pire c'est qu'ils se révélèrent des triomphes commerciaux...
Par
le 6 avr. 2018
123 j'aime
98
Grand fan de westerns, j'aime autant le western US et le western spaghetti de Sergio Leone surtout, et celui-ci me tient particulièrement à coeur. Dernier opus de la trilogie des "dollars", c'est...
Par
le 10 juin 2016
98 j'aime
59
On croyait le péplum enterré et désuet, voici l'éblouissante preuve du contraire avec un Ridley Scott inspiré qui renouvelle un genre ayant eu de beaux jours à Hollywood dans le passé. Il utilise les...
Par
le 5 déc. 2016
96 j'aime
45