Hara qui rit
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C'est inévitable, dans un film ayant pour cadre un camp de prisonnier il faut nécessairement ce personnage insoumis arborant fièrement sa liberté à la face du geôlier tyrannique. Steve Mc Queen et Alec Guinness y ont ainsi gagné leur plus grand rôle. Même chose pour David Bowie, à la carrière certes beaucoup moins riche, mais qui, plus que les deux autres, était né pour interpréter ce rebelle. En fait Bowie ne l'interprète pas, il est ce rebelle. Nous sommes en 1983 et c'est une image qu'il cultive depuis longtemps déjà. Bowie c'est le gentil punk qui peut te dire d'aller te faire foutre en t'embrassant.
En face de lui se dresse Ryuichi Sakamoto, qui campe à merveille ce jeune réac perdu dans une époque qui n'est pas la sienne. C'est un officier japonais admiratif de ses ancêtres samouraïs, pour qui le code du Bushido est une véritable bible. C'est presque le cliché du soldat japonais, le kamikaze jusqu'au boutiste, mais étant donné que le Japon a produit plusieurs de ces kamikaze c'est un cliché qui tient la route. Le prisonnier ça n'existe quasiment pas dans la culture japonaise. Selon le code du Bushido il faut vaincre ou mourir, et étant donné qu'il n'y a pas de troisième option c'est Hara-kiri pour les autres. Encore une fois ça parait bien cliché mais cette philosophie a pu persister jusqu'en 1945. On comprend alors toute l'ironie à ce qu'un tel personnage se retrouve à diriger un camp de prisonnier. Des hommes que nécessairement il méprise, et sur lesquels il ne va pas refréner sa tyrannie naturelle.
L'abime insondable qui sépare les deux personnages principaux donnent lieu à des confrontations mythiques, parmi lesquelles la fameuse scène du baiser, où Bowie embrasse Sakamoto devant les prisonniers réunis. Un geste fou, réalisé avec flegme incroyable, qui aura produit son effet. Bien plus qu'une opposition idéologique qu'on nous sert assez souvent, il s'agit là de l'opposition entre deux hommes diamétralement opposés. Une opposition doublée d'un conflit intérieur chez cet officier japonais qui éprouve une étrange fascination envers cette forte-tête quelque peu androgyne…
Comme si tout ça ne suffisait pas à faire un grand film Nagisa Oshima soigne sa réalisation avec de lent travelling et des décors somptueux. Dans un climat tropical propice à l'installation d'une ambiance oppressante, entre les fièvres et les coups de bâtons de gardiens. Enfin une bande son magnifique, en particulier le thème phare "Merry Christmas Mr. Lawrence" constitué de sonorité japonaise s'étalant paisiblement sur un tempo plus occidental. Symbole de ces deux cultures différentes qui peuvent parfois s'unir pour le meilleur.
Œuvre culte pour n'importe quel fan de Bowie, mais pas seulement. Furyo dispose de solides arguments qui en font un des plus beau film jamais réalisé, et à voir absolument.
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Créée
le 26 nov. 2018
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