D'abord, "Furyo" est la rencontre de deux demi-dieux, Bowie et Sakamoto, tous deux envoûtants, et Oshima a su utiliser à son avantage le magnétisme des stars, et en nourrir son sujet. Car, au-delà de son histoire d'homosexualité et de rituels sociaux et érotiques, "Furyo" se frotte au grand sujet de notre époque, la rencontre de deux cultures, qui s'affrontent pour mieux exprimer la fascination réciproque qu'elles éprouvent : mais là où Oshima n'est jamais naïf, c'est qu'il refuse la facilité de la réconciliation finale, et, humblement, espère que de cette confrontation avec l'autre (objet de désir sexuel ou sujet d'amitié) puisse naître au moins une meilleure compréhension de ses propres valeurs. [Critique écrite en 1983]
Que dire sinon que ce chef d'oeuvre ne vieillit pas et ne perd pas de sa pertinence et de sa force ? Bien sûr, le parcours aujourd'hui connu de Kitano rajoute encore du plaisir à la vision de "Furyo", mais on peut aussi, avec le recul, livrer une lecture moins "classique" du film que celle de son sujet sur les différences culturelles : Oshima ne filme pas l'homosexualité comme une tare, mais il la célèbre ici au contraire comme révélatrice de vérité, promesse de transgression et rêve de liberté ! [Critique écrite en 1997]