Peintre, musicien , écrivain, compositeur, réalisateur, auteur, acteur, showman, homme à femme, juif, père de famille, alcoolique, cultivé, désespéré, drôle, énervant, laid, sale, talentueux, scandaleux, génie, voleur, dandy, obsédé, sympathique, généreux, schizophrène, menteur, affabulateur, sensible, paresseux, fumiste, fumeur, provocateur...

Les qualificatifs ne manquent pas pour ce personnage qui a marqué son temps et qui le fascine encore les gens 20 ans après sa mort.

20 ans il n'en fallait pas plus pour qu'un film biographique lui soit consacré.

Le biopic contrairement aux idées reçues n'est pas une spécialité hollywoodienne. Cela dit les sommets du genre sont souvent américains.
C'est un genre ultra codifié (enfance, traumatisme, succès, traumatisme, come back et postérité) dont le résultat semble toujours un peu surfait ou le traitement un peu édulcoré par rapport à l'idée qu'on se fait du protagoniste.

Faire un film de deux heures sur Serge Gainsbourg et ses multiples facettes relevait clairement de la mission impossible tant le personnage est complexe et encore bien présent dans la conscience collective.

Pour cela, il fallait trouver l'acteur qui relèverait la mission d'incarner l'homme à tête de chou.
Ce défi est relevé au-delà de toutes les espérances grâce à une performance ahurissante de l'inconnu Eric Elmosnino qui fait oublier au spectateur qu'il n'est pas le grand serge.

Le reste du casting est d'ailleurs sans failles. Tous les acteurs sont plus que crédibles, de Mougalis à Philip Katerine, mais la palme revient sans doute à Lætitia Casta qui transfigure le coté Iconique de Brigitte Bardot.

Pour ce qui est de la vie, le réalisateur et auteur de BD Jeannot Swarc a prit la décision de ne pas s'imposer les barrières de la reconstitution fidèle dont il ne serait pas sorti indemne.

Le film tente de nous expliquer quel homme était Serge Gainsbourg.
L'idée est de montrer à travers quelques moments choisis, fantasmés, caricaturés ou édulcorés ce qui le faisait avancer, ce qui le rendait si séduisant, si provocateur et si torturé tout en montrant l'ampleur de son œuvre.

De sa plus tendre enfance jusqu'à ses derniers jours, Jeannot Swarc rend palpable la schizophrénie de Gainsbourg et de son double Gainsbarre en l'illustrant par une grosse marionnette qui agit sur le personnage tel un petit diablotin rouge qui passe son temps à vous entrainer du coté obscur. Très présent lors des jours sombres, ce double n'est jamais bien loin lors des grandes heures.

Jeannot Swarc nous montre un personnage désespérément humain, bourré de valeurs mais totalement décalé, au verbe lapidaire, au second degré omniprésent et à l'humour au vitriol.
Tout cela renforcé par son coté dandy rive gauche et son génie créatif dépeint un personnage hors norme et fascinant, qui explique aisément son succès auprès du public et des femmes.

Le film rend aussi hommage à l'œuvre de Gainsbourg à travers les larges extraits de ses chansons brillamment réinterprétés mais aussi grâce à la transposition de l'univers de ses chansons dans les décors du film.

Quand il va chez le coiffeur, on est "chez Max coiffeur pour Homme".
Melody Nelson n'est jamais loin des groupies qui pullulent lors de la période sixties...

Tout cela donne un film singulier très poétique qui s'approche plus du film d'auteur que du gros blockbuster boursouflé et sans âme à la Ray ou à Walk the line.
A y regarder de plus près, l'esthétique du film est même assez fascinante. Son coté cliché ne dessert jamais le film. Au contraire, il le renforce.

Au-delà de ses qualités, le film ne fera pas forcement mouche puisqu'il décevra beaucoup de spectateurs qui ne seront pas sensibles à la poésie, à l'esthétisme et au coté décalé du film et qui ne veulent que découvrir ou revoir tel qu'ils en ont le souvenir ce personnage incontournable de la culture française du XXème siècle.
A ceux-là, on conseillera un bon documentaire sur la star, ce qui n'est pas très compliqué à trouver ou la lecture l'excellente biographie de Gilles Verlant.
ldekerdrel
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le 25 juin 2012

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ldekerdrel

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