Gainsbourg (vie héroïque) par NicoBax

Il faut lire la phrase à la fin du film, Sfar explique qu'il aimait trop Gainsbourg pour le rattacher au réel, qu'il est plus intéressé par ses mensonges que par ses vérités. Et je trouve qu'il y a pas mal réussi. Et comme l'annonce le générique, c'est bien d'un conte qu'il s'agit.
Il a choisi de mettre en scène Gainsbourg via le prisme de ses vices : l'art, les femmes, les excès. Plutôt que d'insister sur la dichotomie Gainsbourg l'artiste/Gainsbar le vieux dégueulasse autodestructeur, il a voulu les faire cohabiter, fantasmer les disputes et les moments de complicités des deux facettes de l'artiste.
Comment faire autrement que de faire se succéder les femmes quand on voit quel rôle elles ont tenu dans sa vie personnelle et artistique. Il a beau avoir connu a priori pas mal de femmes dans sa vie, il y en a 4 qui ont compté : sa première femme, Bardot (Laetitia Casta a le mérite d'arriver à être aussi insupportable que la vraie), Birkin (feue Lucy Gordon, je la supportais déjà pas dans "Les poupées russes" mais force est de reconnaitre que personne n'aurait mieux joué Jane qu'elle) et Bamboo (qui est plus moche que Mylène Jampanoï). Elles l'ont fait évoluer, s'éloigner ou se rapprocher de son autre lui, l'ont construit et détruit.
J'ai trouvé l'univers créé par Sfar vraiment réussi, on est à la limite entre réalité et rêves (et de façon plus subtile et poétique je trouve qu'un Gondry), les personnages imaginaires ont vraiment une gueule géniale et surtout, l'image sublime les mélodies de Gainsbourg. Alors c'est vrai que les transitions sont un peu rugueuses mais c'était à mon avis un moindre mal vu le type de développement que Sfar a choisi.
Eric Elmosnino est assez épatant, on retrouve sous ses traits les différents Gainsbourg : du jeune premier timide à la tronche pas possible au vieux crado colérique et provocateur, je l'ai trouvé crédible. On retrouve son humour distancié, son flegme...
J'ai vraiment beaucoup aimé mais j'ai un peu peur de le revoir...