Ce n'était pas gagné : pour moi ce fut une belle surprise.
J'aime Gainsbourg l'artiste, le poète, créateur des plus belles chansons qui soient, l'amoureux des femmes et sa pudeur, celle qui transparaît magnifiquement à l'écran, sous la provocation affichée, grâce à la réalisation ample et inventive de Johann Sfar et à l'époustouflante prestation d'Eric Elmosnino.
Un conte, oui, une fable surtout, mettant en scène de façon drolatique " l'homme à la tête de chou", superbement évoqué sous les traits d'un petit garçon déambulant dans un Paris occupé, arborant presque fièrement l'insigne infamant de sa judaïté.
Puis, des cabarets transformistes à l'appartement de Gréco, on le retrouve, sa vie jalonnée de rencontres féminines, presque séducteur malgré lui, en 1968, ébloui par le fantasme fait femme : Brigitte Bardot, une composition sensuelle et lumineuse de Laetitia Casta plus vraie que nature !
C'est toute la "vie héroïque" du musicien insoumis qui défile, avec plus ou moins de bonheur certes et quelques ratés, mais comment ne pas vibrer au rythme de l'oeuvre subversive de l'homme tel qu'en lui-même ?
Et j'ai gardé pour la fin Jane Birkin, incarnée avec une sensibilité à fleur de peau par Lucy Gordon à qui le film est dédié. L'ex compagne de Gainsbourg a déclaré, bouleversée par le suicide de la jeune Anglaise : "Il y avait une telle fraîcheur dans son visage que je ne pouvais pas ne pas être flattée, elle est partie comme elle était venue, avec une grande modestie, elle avait la grâce. Quand j'ai entendu parler de sa mort, je ne pouvais pas croire que c'était vrai."
Une réalisation originale et créative qui restitue bien l'esprit Gainsbourg même si non exempte de maladresses, un conte musical qui nous fait réentendre avec émotion l'oeuvre d'un artiste unique et irremplaçable.