Le bal des pourris
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le 17 juin 2015
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Et si le meilleur Marchal était tout simplement le premier de la lignée?
En tout cas, avant de revoir "36, quai des orfèvres" pour éclaircir la question, on peut déjà souligner avec une pointe de sarcasme - comme on le dit des grands cinéastes - que tout l'univers de Marchal était déjà en germe dans cette première tentative derrière la caméra.
On retrouve ainsi dans "Gangsters" le goût prononcé de l'ancien policier pour les punchlines viriles riches en argot, sa fascination pour la zone grise qui sépare et réunit flics et truands, mais aussi paradoxalement pour un certain sentimentalisme, ainsi que pour une forme de réalité sociale rarement montrée au cinéma (français).
Le flic camé, le flic pourri, le flic démotivé, autant d'archétypes omniprésents sur les écrans... depuis que Marchal truste les postes importants (acteur, scénariste, producteur, réalisateur) dans quantité de productions françaises du genre.
On aime ou pas le personnage, mais il faut reconnaître son influence majeure sur le polar français de ces 20 dernières années. Avant Marchal, c'était "Navarro", en caricaturant à peine.
D'ailleurs, le film s'appelle "Gangsters", mais "Flics" lui conviendrait mieux (ce sera d'ailleurs le titre d'une série créée par Marchal en 2008!), tant ces derniers sont davantage mis en avant que les voyous dans ce premier long-métrage.
De fait, "Gangsters" est un film de commissariat, théâtre principal du récit, malgré quelques scènes d'action pour briser le huis-clos (dont une sympathique fusillade en ouverture).
Ainsi, la balance entre dialogues et action penche dangereusement en faveur des premiers : à titre personnel ça ne m'a pas dérangé (d'autant que le film est bref), car les polars français à punchlines restent rarissimes depuis la grande époque Le Breton - Simonin - Audiard, mais certains spectateurs seront sans doute frustrés.
Heureusement, Marchal peut compter sur de bons comédiens pour débiter ses dialogues-mitraillette, dont certains ne quitteront plus son giron (Francis Renaud, François Levantal, Gérald Laroche, Guy Lecluyse...).
On sera un peu plus circonspect sur le couple central composé de Richard Anconina et Anne Parillaud, pas mauvais dans leur registre respectif, mais dont l'alchimie ne saute pas aux yeux.
Enfin, côté scénario, Marchal tisse sa toile plutôt habilement, réservant plusieurs rebondissements inattendus, et maintenant le suspense jusqu'aux ultimes instants. Hélas, le néo-réalisateur se foire un peu sur son dénouement, assez improbable et moins sombre qu'attendu.
Au final, je ne regrette pas ce nouveau visionnage qui m'a un peu réconcilié avec Marchal (devenu radoteur et sentencieux ces dernières années) en me donnant envie de revoir certains titres. "Gangsters" est un premier film novateur et efficace, émaillé de nombreuses maladresses mais indéniablement divertissant.
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le 18 mai 2021
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